Il aura fallu presque six ans au Dow Jones des industrielles pour passer de 14 000 à 15 000 points, mais tout juste un peu plus de six mois seulement pour gravir la dernière marche de 1000 points qui le pousse aujourd'hui à plus de 16 000.

Porté par une vague d'optimisme chez les investisseurs, l'indice Dow Jones est passé nettement au-dessus du seuil des 16 000 points pour la première fois de l'histoire, tandis que le S&P 500 se positionnait tout près des 1800 points tout ronds, hier.

Bien que peu significatifs en soi, ces seuils dits psychologiques sont souvent difficiles à franchir. S'y maintenir en clôture est encore plus ardu. De tels caps incitent souvent des investisseurs à vendre, rappelle Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital.

Lundi, un revirement de dernière heure avait d'ailleurs contrecarré la poussée des indices vers ces nouveaux jalons, après que l'investisseur Carl Icahn, qui compte parmi les plus respectés de Wall Street, eut refroidi les ardeurs en claironnant que «le marché pourrait facilement faire une grosse chute». Le milliardaire activiste en a remis sur son blogue, mardi. Le non moins riche et respectable Warren Buffett a toutefois fait contrepoids en affirmant au réseau de télévision CBS que «le marché est dans une zone de nature raisonnable».

En clôture, le Dow marque 16 010 sur un bond de 109 points. Pour sa part, le S&P 500, à 1796 points, se rapproche de son dernier record de vendredi, grâce à un gain de 15 points. De son côté, le NASDAQ, à 3969, retrouve des niveaux jamais vus depuis septembre 2000, après l'explosion de la bulle internet. En dépit d'un bond de 45 points, à 13 475, la Bourse de Toronto demeure, quant à elle, bien loin de son sommet historique de plus de 15 000 points établi en juin 2008, avant qu'éclate la crise financière américaine.

Les statistiques du chômage aux États-Unis montrant la plus forte baisse des nouvelles inscriptions en près de trois mois ont donné l'impulsion nécessaire au Dow pour repousser les frontières. Les marchés ont aussi puisé leur assurance dans la relecture des derniers énoncés de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui laissent entrevoir une diminution de ses apports dans les prochains mois, si le marché de l'emploi continue de s'améliorer.

«Le marché agit un peu comme un maniaco-dépressif en ce moment», commente William Lynch, de la firme Hinsdale Associates de l'Illinois. C'est ainsi que les bonnes nouvelles économiques sont tantôt applaudies, tantôt sifflées si cela implique une réduction des aides de la Fed. La Bourse bénéficie largement des injections de 85 milliards US par mois de la banque centrale sur le marché obligataire et de ses taux d'intérêt directeurs quasi nuls.

Un excellent millésime s'annonce ainsi pour Wall Street. Depuis le 1er janvier 2013, le Dow Jones a gagné près de 22% et le S&P, 26%, des progressions annuelles inégalées depuis 2003. Le Dow a notamment arraché huit points de pourcentage depuis le début de septembre, alors que l'on craignait le pire pour les marchés boursiers qui paraissaient particulièrement surchauffés.

- Avec Agence France-Presse