Les titres des grandes banques canadiennes sont mûrs pour être fractionnés en deux. Mais n'attendez pas de bond boursier subséquent. En ces cas d'exception, le meilleur est pour maintenant.

Cela fait plus de sept ans qu'une banque canadienne a morcelé ses actions pour les rendre plus accessibles, mais avec le cours de leurs actions bien au-dessus des 60$ et certains approchant rapidement les 100$ pièce, l'analyste John Aiken, de la firme britannique Barclays Capital, prévoit un regain de popularité pour cette pratique corporative.

Malgré le peu d'activité récente à ce chapitre, les six grandes institutions financières canadiennes ont réalisé pas moins de 14 fractionnements au cours des 30 dernières années. Le prix moyen à l'annonce était d'un peu plus de 60$, seuil que rencontre actuellement chacune d'entre elles. Si l'on s'en tient aux seuls quatre fractionnements réalisés depuis le début du présent millénaire, la barre monte à 80$, critère que satisfont la moitié des banques.

Selon l'expert de Barclays, la Banque Toronto-Dominion [[|ticker sym='T.TD'|]] serait la plus encline à augmenter ainsi la liquidité de son titre. La Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]] et la CIBC [[|ticker sym='T.CM'|]] seraient aussi d'excellentes candidates. Notons que la Banque Laurentienne , qui n'a d'ailleurs jamais fractionné son titre depuis son entrée en Bourse, ne concourt pas avec son prix de moins de 50$ l'action.

Les fractionnements d'actions, ou splits, anticipés pourraient toutefois n'être réalisés qu'au début de l'année prochaine. Traditionnellement, plus de 60% de ces opérations sont annoncées au premier trimestre.

Un signe de bonne santé

Les fractionnements d'actions, encore en vogue au début des années 2000, sont généralement vus comme un signe de bonne santé corporative et sont habituellement appréciés des investisseurs. Cela favorise la liquidité d'un titre, permet une meilleure fluidité des transactions et attire un plus grand nombre d'investisseurs grâce à une valeur unitaire plus basse. Songeons qu'un lot régulier de 100 actions de la Nationale coûte actuellement près de 9000$ avec les frais de courtage.

Mais l'impact est surtout psychologique. Cette initiative rappelle en effet que l'action a monté substantiellement et que les dirigeants croient que cela va se poursuivre. Plusieurs études ont mis en évidence une légère surperformance de l'action après un fractionnement. D'autres recherches universitaires montrent que l'effet dépend toutefois aussi de la composition de l'actionnariat de la société. Le magazine Financial Review a notamment montré que l'annonce d'un split est perçue d'autant plus positivement par le marché que les dirigeants sont de gros actionnaires ou que la société est petite.

Des bénéfices avant

Dans le cas des grandes banques canadiennes, John Aiken constate que leurs titres ont même tendance à faire moins bien que le marché dans les trois mois suivant un fractionnement.

En fait, en ces cas, le bénéfice survient avant l'opération. Plus précisément, les titres bancaires canadiens ont surperformé le marché par six points de pourcentage dans les trois mois précédant l'annonce de divisions d'actions.

«Si l'on se base sur l'expérience bancaire canadienne, il semble que les fractionnements soient surtout vus comme la confirmation d'une forte avancée déjà révolue», explique l'expert de Barclays.