Tout investisseur moyennement branché a entendu parler d'Orbite Aluminae (T.ORT), ces dernières années. La petite société minière québécoise alimente les conversations autour de la machine à café comme dans les vestiaires, bien au-delà de Cap-Chat. Ce n'est pourtant pas un placement pour tous. Retour sur un titre spéculatif en vue.

Les investisseurs québécois

Titre chouchou des spéculateurs québécois, Orbite se retrouve régulièrement parmi les cinq titres les plus négociés chez le courtier escompteur Banque Nationale Courtage direct. C'était encore le cas en avril dernier où ORT se trouvait au deuxième rang après le toujours bouillant BlackBerry, mais avant les multinationales Barrick Gold et Suncor.

Le titre-vedette québécois est très volatil, avec un bêta de 2,0 par rapport à l'indice global TSX. D'une valeur de 15 cents encore au début de 2010, il avait touché un sommet historique de 5,45$ en avril 2011. Il a perdu plus des deux tiers de sa valeur depuis le début de l'année, avant de rebondir de 19% depuis un mois.

Les investisseurs canadiens

L'intérêt pour Orbite dépasse largement les frontières du Québec. Le titre fait notamment partie de quatre indices canadiens de Standard&Poor's: l'indice minier mondial S&P/TSX et l'indice mondial des métaux de base et, plus récemment, l'indice des petites capitalisations et celui des technologies propres.

Outre les petits investisseurs, 15 zinzins (investisseurs institutionnels) s'y intéressent. Leur avoir total représente toutefois moins de 3% du flottant.

Les investisseurs américains

Orbite profite d'une plus grande visibilité auprès des investisseurs américains depuis que ses actions se négocient sur la plateforme électronique OTCQX International. Quelque 50 000 actions d'Orbite sont brassées quotidiennement sur ce marché parallèle, depuis l'automne dernier, comparativement à plus de 1,7 million à Toronto. Les positions à découvert y étaient par ailleurs très élevées, jusqu'à représenter environ deux mois de transactions, au dernier relevé.

Les analystes financiers

Entre 0,75$ et 4,00$, la marge est grande entre les évaluations des quatre analystes qui s'intéressent au prix de l'action d'Orbite. Mais il n'y a pas si longtemps, l'analyste Ingrid Rico, de M Partners, allait jusqu'à soutenir un prix cible de 15,00$, tandis que son confrère Jon Hykawy, de Byron Capital Markets, tablait déjà sur une valeur de moins de 90 cents et invitait les spéculateurs à vendre le titre à découvert. Soit dit en passant, l'analyste de Byron, détesté par la direction d'Orbite, n'est plus le seul à émettre des réserves. Matthew Gowing, analyste chez Mackie Research Capital, s'en tient maintenant à une recommandation de «détenir» avec un prix cible de 92 cents l'action, alors qu'il entrevoyait une valeur 10 fois plus élevée encore l'automne dernier.

Les autorités réglementaires

Orbite a été suspendue à la Bourse à quelques reprises. Les transactions sur le titre ont notamment été interdites durant six semaines, au printemps 2012, à la demande de l'Autorité des marchés financiers qui jugeait non conforme l'étude de rentabilité d'Orbite, entre autres en ce qui concerne les terres rares. Un rapport de vérification indépendant devait cependant confirmer les conclusions du rapport technique.

Les négociations sur le titre ont aussi été arrêtées pendant quatre heures après que sa valeur eut dégringolé de 28%, en avril dernier, de premiers investisseurs réagissant violemment aux résultats financiers de l'exercice financier 2012 publiés en catimini quelques jours auparavant.

L'Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières est aussi intervenu le 14 février dernier lorsqu'un volume de transactions inhabituel dans une très courte période a entraîné, encore une fois, la chute brutale du titre. Une enquête est toujours en cours. Hier, à la fermeture des marchés, l'action s'échangeait à 0,87$, en hausse de 1cent.