La rumeur d'une mégafusion avortée de 13 milliards US entre la plus importante entreprise pharmaceutique canadienne cotée en Bourse, la société Valeant (T.VRX), de Laval, et le groupe américain Actavis (ACT), troisième fabricant de médicaments génériques du monde, a contribué à doper les marchés boursiers, hier.

Aucune des deux parties intéressées n'a commenté l'information relayée notamment par le Wall Street Journal, hier. Selon une personne proche du dossier citée par le journal new-yorkais, les négociations, gardées secrètes, ont buté sur la prime offerte aux actionnaires d'Actavis.

La nouvelle a néanmoins ramené les deux titres-vedettes sous les projecteurs. La valeur de l'action de Valeant, qui a été multipliée par sept ces quatre dernières années, a progressé de 3,3%, à 76,83$ pièce, à la Bourse de Toronto, hier, dans un fort volume. Celle d'Actavis, qui a tout de même triplé de valeur depuis avril 2009, a bondi de 4,6%, à 105,58$, à New York. Les deux titres ont établi des records historiques au cours des dernières séances.

Payer moins d'impôts

La transaction évoquée, qui constituerait l'une des plus grosses fusions de l'année, est encore considérée comme «fortement probable» par l'analyste Herman Saftlas, de la firme new-yorkaise S&P Capital. «Nous voyons de grandes synergies potentielles découlant d'une éventuelle fusion avec Actavis», note l'expert. Ce dernier s'inquiète cependant de l'impact de ce regroupement sur le bas taux d'imposition dont profite Valeant. L'américaine Actavis chercherait justement à se fondre avec une entreprise canadienne pour payer moins d'impôts.

L'analyste David Steinberg, de la firme allemande Deutsche Bank Securities, croit lui aussi qu'«une transaction de ce type et de cette ampleur ne serait pas du tout surprenante». Ce dernier rappelle que la direction de Valeant, «de loin le plus gros consolidateur dans la vaste industrie pharmaceutique mondiale», a maintes fois évoqué au cours des six derniers mois la possibilité d'une «fusion entre égaux». Elle lui paraît cependant moins évidente pour Actavis qui poursuit un redressement spectaculaire.

Depuis l'arrivée de Michael Pearson à sa direction en 2008, le groupe pharmaceutique Valeant a réalisé une cinquantaine d'acquisitions. La stratégie est claire et avouée: acheter des sociétés possédant déjà des médicaments en marché plutôt que d'investir en recherche pour tenter d'en découvrir de nouveaux. L'objectif: devenir un des 15 plus grands groupes pharmaceutiques du monde d'ici la fin de 2013. Le groupe Actavis, de Morristown, au New Jersey, est lui-même issu de la fusion avec Watson Pharmaceuticals, à la suite d'une transaction de 5,5 milliards conclue en 2012.

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LA FUSION

Capitalisation boursière :

Valeant : 23,4 milliards CAN

Actavis : 13,4 milliards US

Nombre d'employés :

Valeant : 8000

Actavis : 17 700

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LA RECOMMANDATION

L'analyste Herman Saftlas, de S&P Capital, réitère sa recommandation d'achat de Valeant avec un prix cible maintenu à 86$, pour un potentiel d'appréciation de 12% par rapport au cours actuel. L'entreprise de Laval se vaut ainsi la forte estime de 15 des 21 analystes qui la suivent, même si son cours a beaucoup augmenté ces dernières années. Deux de ces analystes jugent toutefois surévalué le titre qui s'échange à plus de 56 fois les bénéfices courus des 12 derniers mois.