Après cinq ans chez le gestionnaire de fonds montréalais Van Berkom et associés, Philippe Hynes a fondé Tonus Capital où il gère, depuis octobre 2007, un fonds d'actions nord-américaines dont les actifs sous gestion totalisent aujourd'hui 25 millions de dollars.

L'approche de Tonus Capital consiste à rechercher les bonnes entreprises qui se s'échangent en deçà de leur valeur intrinsèque. «Comme le marché est efficace, les occasions ne sont pas très nombreuses», explique M. Hynes. C'est pourquoi il préfère bâtir des positions importantes dans les entreprises qu'ils jugent actuellement sous-évaluées, mais possédant un potentiel d'appréciation important à plus long terme.

Ainsi, son portefeuille se limite à une quinzaine de titres qui lui ont procuré un rendement de 19,5% depuis le début de l'année. Pour lui, le risque ne se définit pas comme étant la volatilité du portefeuille par rapport à un indice de référence, mais plutôt la destruction du capital. «En achetant des titres sous-évalués en fonction de notre modèle d'évaluation, nous nous assurons une marge de sécurité qui diminue le risque d'une perte importante», dit le gestionnaire. Voici quelques titres qui font partie de son portefeuille.

Primerica [[|ticker sym='PRI'|]]

Cours (hier): 28,71$

Haut et bas (52 semaines): 21,50$ et 30,29$

Bénéfices par action: 2,63$

Dividende: 1%

Auparavant une filiale de Citigroup, PRI a fait l'objet d'un délestage en avril 2010. Elle est un leader de la distribution de produits financiers auprès des ménages à revenu moyen en Amérique du Nord et compte plus de 90 000 agents licenciés. «Pour m'assurer de la qualité de l'entreprise et de la rigueur quant à la formation de ses agents et du développement des outils internes, je me suis inscrit à leur programme de formation», explique Philippe Hynes. Souvent, par le passé, questionnée à propos de son réseau de ventes que l'on associait à une structure pyramidale, PRI est réglementée au Québec par l'Autorité des marchés financiers, ce qui ajoute à la crédibilité du fonctionnement de l'entreprise, note le gestionnaire.

Il prévoit que le bénéfice par action augmentera cette année de plus de 15%, comme ce fut le cas l'année dernière. Grâce à des flux de trésorerie élevés, PRI a racheté depuis le délestage 19 millions de ses propres actions, soit environ 25% des actions en circulation.

DeVry [[|ticker sym='DV'|]]

Cours: 26,80$

Haut et bas (52 semaines): 18,15$ et 42,37$

Bénéfices par action: 1,78$

Dividende: 1,12%

L'entreprise dont le siège social est en Illinois exploite plusieurs établissements d'enseignement privé postsecondaires. Les deux dernières années ont été difficiles, car l'industrie a dû faire face à plusieurs changements réglementaires visant à modifier certaines pratiques. En avril 2010, le titre se négociait à 75$, près de trois fois le prix d'aujourd'hui.

La tendance pourrait maintenant s'inverser. DeVry exploite des écoles de médecines et d'infirmiers à l'abri des changements que subit l'industrie, explique M. Hynes. «Ces écoles génèrent 40% des profits de l'entreprise, et les demandes d'inscription sont nettement supérieures aux places disponibles», dit-il. Elle présente un excellent bilan avec 175 millions de dollars de liquidités, estime le gestionnaire.

Grâce à trois acquisitions, l'entreprise s'est aussi dotée d'une forte présence au Brésil.

PHI Helicopters [[|ticker sym='PHII'|]]

Cours: 30,03$

Haut et bas (52 semaines): 18,96$ et 33,14$

Bénéfices par action: 0,97$

Dividende: Aucun

Ce groupe est le plus important exploitant d'hélicoptères dans le golfe du Mexique. Il a donc été durement touché par l'explosion en 2012 de la plateforme de forage exploitée par BP qui a causé un important déversement de pétrole dans le golfe. De 30 plateformes en exploitation avant l'accident, il n'en restait que 12 en 2011. Mais les activités ont repris et, d'ici la fin de 2012, il y en aura 35. D'autres s'ajouteront en 2013 et 2014, prévoit Philippe Hynes. Chaque plateforme nécessite deuxhélicoptères pour le transport des employés.

Le bénéfice par action devrait surpasser 2$ en 2013 et 3$ en 2014, estime le gestionnaire. Le titre se négocie présentement quelque peu sous sa valeur comptable de 31$. Historiquement, les exploitants d'hélicoptères se négocient plutôt entre 1,3 et 1,5 fois la valeur comptable, note M. Hynes.

Liberty Ventures [[|ticker sym='LVNTA'|]]

Cours: 58,34$

Haut et bas (52 semaines): 40$ et 59,60$

Bénéfices par action: 1,25$

Dividende: aucun

L'entreprise faisait jusqu'à l'été partie de Liberty Interactive (LINTA), dont l'un des actionnaires principaux est le magnat des médias John Malone. LINTA a été fractionnée en deux entités indépendantes, ce qui a donné naissance à LVNTA. Celle-ci détient des actions de sociétés ouvertes, dont Expedia (EXPE) et TripAdvisors (TRIP). «LVNTA a encore près de 2 milliards en liquidités à investir, et John Malone possède une excellente feuille de route en ce qui a trait à la création de valeur pour les actionnaires», dit Philippe Hynes.

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NOTRE SPÉCIALISTE

PHILIPPE HYNES

Gestionnaire montréalais de fonds chez Van Berkom et associés