Il en va des prévisions des analystes financiers comme de celles des météorologues: on oublie vite leurs égarements si cela nous vaut une journée ensoleillée.

Les analystes financiers ont prédit avec justesse les résultats moyens du dernier trimestre des 246 entreprises canadiennes d'envergure composant l'indice global S&P TSX, aussi bien dire celles qui font la pluie et le beau temps sur le marché. En fait, ils ont tout juste sous-estimé de 3% les profits du groupe, bien qu'avec un écart-type important. Les plus grandes surprises positives, de trois à six fois les profits attendus, sont venues des sociétés immobilières et de ressources.

Au Québec, nos 30 représentantes au S&P TSX ont aussi répondu globalement aux attentes des analystes sondés par l'agence Bloomberg, les bonnes surprises éclipsant les déceptions. Au premier rang, Aimia (anciennement Aeroplan) a confondu la douzaine d'analystes qui s'y intéressent avec un bénéfice par action de 27% plus important que prévu. L'entreprise sortie de la cuisse d'Air Canada a plus que doublé son profit trimestriel en un an, à la faveur d'une forte croissance de sa facturation en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. La direction attend toutefois un ralentissement dans ces régions pendant le reste de l'année. Les analystes ont d'ailleurs relevé modérément leur prévision de profit pour le prochain trimestre.

BCE a aussi agréablement surpris les marchés avec un bénéfice trimestriel 26% plus élevé qu'attendu, ce qui se reflète sur son cours boursier qui a défoncé son sommet historique. Les analystes ont été déjoués par la hausse des marges bénéficiaires, la réduction des désabonnements et la baisse de l'érosion du revenu moyen dans le sans-fil. Ils ont néanmoins soustrait quelques cents à leur cible pour le trimestre en cours vu la volatilité créée par les cycles de lancement de téléphones-vedettes qui mettent à certains moments de la pression sur les marges.

Quant à elle, l'Industrielle Alliance résiste mieux que prévu aux pressions sur son capital causées par les bas taux d'intérêt. La prévision de bénéfices pour le trimestre en cours n'est toutefois pas relevée au niveau obtenu les trois derniers mois en raison de la vente du bloc d'affaires de rentes américaines de l'Industrielle à Security Benefit Life Insurance et Equitrust Life Insurance qui aura pour effet de diminuer autant les bénéfices courants que le risque actuariel.

Le sourire des actionnaires

Trois autres institutions financières établies au Québec, Power Corporation (au 4e rang de notre palmarès), sa filiale, la Corporation Financière Power (10e rang), et la Banque Royale (no 5) ont également provoqué le sourire de leurs actionnaires avec des bénéfices plus élevés qu'attendu par la communauté financière. La première banque au pays aura le plus à faire pour combler les attentes au terme du trimestre en cours puisque sa cible a été relevée à mi-chemin entre sa performance et les attentes pour les trois derniers mois. Les analystes maintiennent par contre leurs prévisions de bénéfices au même niveau, pour les entreprises de Paul Desmarais.

Les analystes ont mis du temps à comprendre le modèle d'affaires de Dollarama et doivent encore corriger leur tir après avoir raté de 10% le bénéfice par action obtenu par l'entreprise inscrite en Bourse depuis trois ans seulement. La cible est relevée de 51 à 64 cents pour le trimestre en cours.

L'épicier Metro

Pour sa part, l'épicier Metro a dégagé un bénéfice 8% meilleur que prévu au troisième trimestre grâce à la loyauté de ses clients et à une meilleure offre de produits frais. Les analystes ont relevé substantiellement leur cible de bénéfices pour l'exercice entier cependant que la prévision pour le trimestre en cours est plus basse que la précédente, suivant en cela le cycle annuel des affaires.

Du côté de Dorel, c'est aussi Noël en juillet avec des profits de 6% supérieurs aux attentes et, conséquemment, un bond de 15% du titre en Bourse le mois dernier. L'entreprise qui vend des produits pour enfants et des vélos a haussé de 32% son bénéfice net au deuxième trimestre.

Alimentation Couche-Tard, dont les revenus annuels dépassent maintenant ceux de son grand rival japonais, 7-Eleven, a de même surpassé sa nouvelle cible trimestrielle, portée de 39 cents à 90 cents l'action vu son précédent surpassement, au premier trimestre de son nouvel exercice. Le détaillant a annoncé hier un profit de 95 cents à la faveur notamment d'un accroissement de ses marges bénéficiaires sur l'essence aux États-Unis.

Somme toute, un bien bel été.