Si vous êtes convaincu que Facebook (FB) saura commercialiser l'immense banque de données qu'elle a bâtie et que vous désirez profiter de ce succès, vous pouvez acheter les actions de la société dès ce matin en plaçant un ordre d'achat à la Bourse NASDAQ.

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Mais attention, car compte tenu de l'effervescence entourant l'émission depuis son annonce il y a trois mois, et qui a culminé au cours des deux dernières semaines, le prix risque d'être très élevé.

Nous ne sommes plus en pleine bulle techno comme en 1999 où l'on achetait le matin avec l'assurance que l'on pourrait revendre à profit l'après-midi, croit Pierre Trottier, gestionnaires d'actions américaines à l'Industrielle Alliance. «Les actions de Facebook pourraient devenir une patate chaude que l'on essayera de se passer de l'un à l'autre», dit-il.



Les actions de Facebook seront émises à 38$ à ceux qui ont eu la possibilité de les acheter directement des courtiers dans le cadre de l'OPA. Mais dès que les négociations débuteront vendredi matin, le prix fluctuera en fonction de l'offre et de la demande du public qui n'aura pas eu la chance de participer à l'émission, et des institutions et des fonds de placement qui n'auront pas obtenu toutes les actions qu'ils désiraient.

Et comme la demande devrait excéder l'offre, le prix bondira instantanément. Peut-être jusqu'à 60$, croit Serge Pépin, directeur général de BMO Investissements. Le cours de l'action pourrait bien se maintenir à ce niveau durant quelques jours. Mais ensuite, c'est moins certain, selon lui.

Durant les derniers jours précédant l'émission, le nombre d'actions à être émises et qui se négocieront sous le symbole FB a été augmenté de 25%. Il y en aura de 420 à 485 millions, dépendant des allocations supplémentaires que les courtiers peuvent recevoir si la demande est forte. Ce qui est fort probable.

On a aussi augmenté le prix. Les actions seront émises à un prix de 38$, alors que jusqu'à la semaine dernière, on prévoyait plutôt un prix entre 27$ et 35$.

Est-ce à dire que tout le jus aura déjà été extrait du titre lorsque celui-ci deviendra accessible au public? Fort possible. «Les courtiers sont très habiles à évaluer la capacité du marché à accueillir une émission et à fixer le prix en connaissance, soit le plus haut possible», dit Alex Ruus, gestionnaire de portefeuilles chez BluMont Capital.

Un LinkedIn ou un autre Google

L'an dernier à pareille date, les actions de LinkedIn, cet autre réseau social, ont été émises à 45$. Les actions ont instantanément bondi jusqu'à 122$, avant de clôturer la première séance à 93$. LinkedIn ne s'est jamais renégocié à 122$ depuis ce jour. Il est même tombé jusqu'à 56$ en novembre.

Mais si les sceptiques ont eu raison de se méfier des premières transactions sur le titre de LinkedIn, l'histoire fut très différente lorsque Google fit son entrée en Bourse. D'abord émis à 85$, le titre passa aussitôt au-dessus de 100$, et ne s'est jamais retourné depuis. Quelques mois plus tard, il a touché 200$. Un an plus tard, il valait 400$.

Si l'engouement pour le titre de Facebook est si élevé, c'est dû à sa popularité. Tout le monde connaît Facebook. Presque tout le monde y participe par l'entremise de sa propre page.

Mais au-delà de cet engouement, les investisseurs s'attarderont tôt ou tard aux résultats financiers de l'entreprise. Facebook saura-t-elle augmenter ses bénéfices comme Google l'a fait? Pour l'instant, les prévisions de croissance sont très élevées. «Mais sont-elles réalistes?», demande Serge Pépin.

À 38$, les analystes estiment que Facebook se négociera à 100 fois ses bénéfices. Imaginez à 60$. Lorsque l'entreprise sera plus mature, dans quelques années, ce ratio cours/bénéfices diminuera forcément.

Aux investisseurs qui payeront 60$ aujourd'hui, souhaitons que la société aura augmenté substantiellement ses profits au cours des prochaines années, sinon ils n'y trouveront pas leur compte.

Voici un aperçu des principaux actionnaires de Facebook vendeurs et de la valeur que leurs actions pourrait atteindre dans la fourchette supérieure de la gamme de prix que l'on prévoit pour le placement initial. Les calculs ont été basés sur une valeur de 38$US l'action annoncée hier par l'entreprise.

Mark Zuckerberg

Nombre d'actions offertes: 30,2 millions

Valeur: 1,15 milliard US

James Breyer et Accel Partners

Associé de la firme d'investissement

Année d'investissement: 2005

Nombre d'actions offertes: 38,2 millions

Valeur: 1,45 milliard US

Peter Thiel

Associé directeur de The Founders Fund et cofondateur de PayPal

Année d'investissement: 2004

Nombre d'actions offertes: 7,7 millions

Valeur: 293 millions US

DST Global et sociétés affiliées

Firme londonienne d'investissement d'origine russe axée sur les sociétés internet et fondée par Yuri Milner

Année d'investissement: 2009 et fin 2010

Nombre d'actions offertes: 26,3 millions

Valeur: 999 millions US

Goldman Sachs et sociétés affiliées

Banque d'affaires et l'un des preneurs fermes du placement initial

Année d'investissement: 2011

Nombre d'actions offertes: 13,2 millions

Valeur: 502 millions US

Elevation Partners

Société de financement par capitaux propres axée sur les médias et la technologie

Nombre d'actions offertes: 4,6 millions

Valeur: 175 millions US

Microsoft Corp.

Année d'investissement: 2007

Nombre d'actions offertes: 6,6 millions

Valeur: 251 millions US

Sources: Dépositions de Facebook auprès des autorités réglementaires et calculs de l'Associated Press