Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Et face à un euro miné de partout, le billet vert fait plutôt bonne figure malgré la faiblesse de l'économie américaine et le laxisme de certains de ses banquiers.

C'est ainsi que la monnaie unique européenne a décroché à 1,27$US, hier, son plus bas taux d'échange en quatre mois. Même l'or pâlit aux côtés du billet vert, à 1557$US l'once. Bien que les préoccupations sur la dette de la zone euro aient incité les investisseurs à acheter de l'or comme valeur refuge en 2011, le dollar américain le supplante à ce titre cette année. Les Bourses mondiales ont aussi écopé hier, la devise étant aussi considéré un bien meilleur abri que les titres d'entreprise.

Zone zéro

Tout a donc commencé en Europe avec l'annonce d'une croissance quasi nulle de l'économie au cours des trois premiers mois de l'année.

Un chiffre positif néanmoins qui suffit, techniquement, à repousser le spectre de la récession, après une baisse de 0,3% du produit intérieur brut (PIB) groupé au trimestre précédent. «Bien qu'il soit heureux que l'Europe évite la récession, sa performance n'est pas à célébrer non plus», a souligné Howard Archer, économiste chez IHS, en entrevue à l'Agence France-Presse. La zone euro doit en effet beaucoup à l'économie allemande qui a tiré le groupe en rebondissant de 0,5% au premier trimestre, bien plus que prévu.

La Grèce, qui s'enfonce dans la récession, avec un PIB qui a chuté de 6,2% au premier semestre, menace davantage l'équation européenne après l'échec des négociations pour la formation d'un gouvernement de coalition. «Assurément un risque de plus vers une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro», selon Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque. En Italie, l'agence de notation Moody's a jeté un froid en dégradant la note des grandes banques nationales.

Places boursières

Sur les marchés boursiers nord-américains, le Dow Jones a finalement lâché 63,35 points, à 12 632, son plus bas depuis le 19 janvier, malgré une séance en grande partie dans le vert. L'incertitude du marché est «vraiment liée à un très fort rebond du dollar face à l'euro qui finit toujours par se traduire de manière négative sur le marché américain», a commenté à l'Agence France-Presse Gregori Volokhine, stratège du département actions de Meeschaert New York.

Le marché boursier, très attentif à la santé de la reprise américaine, a tout de même profité de chiffres économiques globalement bien perçus, sans être brillants. Les ventes au détail ont augmenté de 0,1% en avril aux États-Unis après un gain de 0,7% en mars. «Dans un contexte de croissance économique qui se poursuit, le ralentissement de l'inflation et des ventes au détail n'est pas suffisant pour justifier de nouvelles mesures de la part de la Réserve fédérale», note Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

L'action de la banque JP Morgan Chase a rebondi, prenant 45 cents US, à 36,23$, quelques jours après la révélation d'une perte de courtage d'au moins 2 milliards US. Les titres des plus grosses banques américaines se reprenaient également.

Au Canada, l'indice S&P/TSX a largué encore 145,48 points, à 11 343,05. C'est la neuvième séance baissière sur 10. Six d'entre elles ont amputé plus d'une centaine des points à la fois. Au total, l'indice a perdu près de 8% de sa valeur durant ces dernières séances. On peut blâmer pour cela le secteur des ressources, libellées en US. Celles-ci comptent pour la moitié de l'indice et accusent des baisses encore plus marquées.

L'or est à son plus bas niveau depuis la fin de décembre. L'once a baissé de près de 7% depuis le début du mois. Les grands consommateurs asiatiques comme les bijoutiers d'Inde, de Thaïlande et d'Indonésie soutiennent néanmoins le prix des lingots.