Après un bref répit, les marchés européens ont replongé mardi, secoués par des craintes grandissantes d'un défaut de paiement de la Grèce et des rumeurs laissant entendre que la Chine n'est finalement pas prête à acheter des obligations italiennes.

«Pékin se refuserait à acheter des obligations italiennes» alors que Rome, qui fait face à une crise de confiance sur les marchés cherche à assurer des débouchés pour ses titres de dette, explique Dov Adjedj, vendeur d'actions chez Aurel BGC, relayant une rumeur qui a semé le trouble sur les marchés.

Après deux journées de nette baisse, les places européennes ont connu un bref répit d'une heure à l'ouverture dans le sillage de Wall Street, avant de repartir dans le rouge.

À 10h40 GMT (6h40 à Montréal), Paris perdait 1,97%, Francfort 0,47%, Londres 0,94% tandis que Milan cédait 0,92% et Madrid 1,06%.

Un temps rassuré par des informations de presse évoquant un rachat d'obligations italiennes et des investissements dans des entreprises du pays par la Chine, les marchés se sont brutalement retournés après des rumeurs évoquant un refus chinois.

Ces informations de presse avaient même permis à la Bourse de New York de terminer en hausse lundi avec le Dow Jones à +0,63% et le Nasdaq à +1,10%.

Dans ce contexte, le rebond des valeurs bancaires a été rapidement brisé et elles ont de nouveau plongé. Les titres des banques françaises étaient particulièrement malmenés, notamment celui de BNP Paribas, la plus exposée, car elle détient 21 milliards d'euros de titres de dette italiens et est très présente dans la péninsule via sa filiale locale, Banca Nazionale del Lavoro.

Depuis plusieurs jours, l'Italie, troisième économie de la zone euro, qui ploie sous l'une des dettes publiques les plus lourdes de la zone, est dans la ligne de mire des marchés.

Rome a mis au point en août un nouveau plan de rigueur draconien de 54,2 milliards d'euros, qui doit permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire son énorme dette (120% du PIB). Mais ce plan n'a pas réussi à rassurer les investisseurs.

Signe de la défiance de ces derniers, l'Italie a émis mardi 3,865 milliards d'euros d'obligations à cinq ans, dont les taux se sont envolés au niveau record de 5,6% contre 4,93%.

Le président de la commission européenne José Manuel Barroso devait rencontrer dans la journée le président italien du Conseil Silvio Berlusconi.

À quelques jours d'une réunion des ministres des Finances qui lui est consacrée, la Grèce continue de hanter les marchés.

«La priorité absolue est d'éviter un défaut de paiement incontrôlé, parce que cela ne toucherait pas seulement la Grèce, et parce que le risque que cela nous affecte tous, ou du moins beaucoup d'autres pays, est très élevé», a ainsi affirmé mardi la chancelière Angela Merkel.

«La journée risque d'être encore marquée par les bruits de couloir en Europe tandis qu'aux États-Unis, les négociations sur le plan pour l'emploi présenté au Congrès s'annoncent houleuses», expliquent les stratégistes du Crédit Mutuel CIC.

Barack Obama a proposé la semaine dernière un plan de soutien à l'emploi et à l'économie de 447 milliards de dollars, mais de nombreux analystes doutent qu'il puisse convaincre les Républicains de le voter.

Les États-Unis ont annoncé par ailleurs s'impliquer dans la résolution de la crise en zone euro, puisque le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner participera vendredi à la réunion des ministres de l'Économie et des Finances de l'Union européenne en Pologne.

En Asie, Tokyo a terminé la séance de mardi en hausse de 0,95% grâce à une chasse aux bonnes affaires, après une clôture du Nikkei au plus bas depuis deux ans et demi la veille.

Lundi, les principales Bourses européennes avaient cédé entre 1,60 et 4%.