Les fonds de travailleurs québécois prennent aussi le chemin des hedge funds. Persuadés que le Québec dispose de gestionnaires compétents, le Fonds de solidarité de la FTQ, Fondaction de la CSN et la Caisse de dépôt ont investi 175 millions dans le fonds SARA (Fonds stratégique à rendement absolu HRS).

Il s'agit d'un fonds de fonds, c'est-à-dire que les fonds seront répartis entre plusieurs gestionnaires utilisant des stratégies différentes. La firme montréalaise HR Stratégies est responsable du choix des gestionnaires. L'objectif du fonds est de réaliser chaque année un rendement de 5 à 8% au-dessus du taux des bons du Trésor.

Fondaction de la CSN investit 55 millions dans le fonds SARA, soit 15% de son portefeuille de placements sur les grands marchés. C'est dire la confiance de l'organisme pour ce type de placement, indique Geneviève Morin, responsable, Finances et développement corporatif.

On a trouvé des solutions aux facteurs qui ont causé la mauvaise réputation des hedge funds, soit la transparence, la liquidité, le levier financier et la course effrénée aux profits à court terme, explique Mme Morin.

Les hedge funds se sont toujours entourés du plus grand secret afin de protéger leur recette et de ne pas être copiés. Mais le fonds SARA offre à ses investisseurs une transparence complète, c'est-à-dire qu'ils pourront vérifier en tout temps toutes les positions détenues par les gestionnaires.

Retirer son investissement d'un tel fonds a souvent par le passé été difficile lors des périodes de grande volatilité. «Mais ce ne sera pas le cas avec le fonds SARA, car on évitera les positions difficiles à liquider, et qu'il ne s'agit pas d'un fonds off-shore, c'est-à-dire détenu dans un paradis fiscal», dit Geneviève Morin.

De plus, les gestionnaires pourront utiliser un effet de levier, mais de façon raisonnable. Et leur rémunération sur le rendement excédentaire est limitée, ce qui évitera la tentation de réaliser le gros coup rapidement et de s'éloigner des vrais objectifs à long terme.