Les marchés boursiers ont été secoués, hier, par un nouvel épisode de la crise financière en Europe, alors que le blocage politique se poursuit à Washington au sujet du rehaussement du plafond de la dette fédérale américaine.

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

Après des indices économiques décevants, dont la création d'emplois anémique le mois dernier aux États-Unis, les investisseurs boursiers s'inquiètent donc de plus en plus du risque d'un nouveau ralentissement des principales économies occidentales.

Hier, les principaux indices boursiers nord-américains - S&P 500 aux États-Unis et S&P/TSX au Canada - ont subi leur deuxième séance consécutive de recul important, de l'ordre de 1,5%.

En Europe, avec des replis variant de 2% à 4%, les principaux indices boursiers des pays de la zone euro ont connu leur pire séance baissière depuis au moins sept semaines. «L'aversion au risque s'est emparée des marchés boursiers mondiaux. Divers facteurs rendent les investisseurs pessimistes, notamment les inquiétudes récurrentes à l'égard des dettes publiques de pays de la zone euro, en Grèce surtout, et l'issue incertaine de l'affrontement sur la hausse du plafond d'endettement à Washington alors qu'approche l'année électorale de 2012. Et pour couronner le tout, des indicateurs économiques peu reluisants ont relancé les rumeurs de récession», résume Stéfane Marion, économiste en chef et stratège de marchés à la Banque Nationale, dans son plus récent «Mensuel boursier».

À la Bourse de Toronto, L'indice S&P/TSX a chuté de plus de 230 points en mi-séance avant de terminer en baisse moins prononcée de 191 points, ou 1,4%, à 13 179 points.

Cette deuxième séance baissière consécutive a été marquée par le recul des titres des producteurs d'énergie et de métaux industriels, une conséquence des craintes d'un ralentissement économique.

Le secteur financier à la Bourse de Toronto a aussi subi l'impact négatif des appréhensions envers une crise qui s'aggrave en Europe et, peut-être, aux États-Unis.

Un tel contexte, appréhendent des investisseurs, pourrait forcer un rehaussement des taux d'intérêt des deux côtés de l'Atlantique afin de soutenir le marché des obligations gouvernementales.

«Si les gouvernements de certains pays d'Europe et des États-Unis ne parviennent pas à mieux contrôler leur dette, on risque de se retrouver en situation de forte inflation et de taux d'intérêt très élevés. Ce serait terrible pour l'économie», a indiqué David Basken, président de Basken Financial Services à Toronto, à l'agence d'information Bloomberg.

Pour l'indice S&P 500 aux États-Unis, qui a reculé de 1,8% hier, il s'agit de la pire séquence baissière de deux jours depuis un mois.

Les deux autres indices américains d'importance, le Dow Jones et le NASDAQ, ont subi hier des pertes de 1,2% et de 2% respectivement.

En plus d'avoir des doutes sur la dette publique à Washington, les investisseurs ont réduit leurs attentes pour les prochains bénéfices d'entreprise. Un nouvel épisode trimestriel a commencé hier soir avec les résultats du producteur d'aluminium Alcoa: moins bons que prévu pour les bénéfices mais meilleurs pour les revenus.

Pour le moment, les nombreux analystes sondés par l'agence Bloomberg s'attendent à une hausse annualisée de 13% des bénéfices d'entreprises du S&P 500 au deuxième trimestre. Si cette attente s'avère, il s'agirait de la plus faible hausse de profit trimestriel en deux ans aux États-Unis.

En Europe, les marchés ont été victimes d'un mouvement de défiance généralisée nourrie par les craintes d'une contagion de la crise de dette publique en Grèce vers d'autres pays européens, dont l'Italie et l'Espagne.

«Un véritable vent de panique a soufflé sur le secteur financier, provoqué par l'envolée des taux italiens et espagnols sur le marché obligataire qui laisse entrevoir une contagion de la crise à d'autres pays européens», a dit Guillaume Garabédian, gestionnaire d'actions chez Meeschaert gestion privée, à l'agence d'information AFP.

Selon Laurent Geronimi, directeur des taux chez Swiss Life Gestion Privée, «c'est une situation très inquiétante, car si l'Espagne est attaquée, la communauté internationale ne pourra pas sauver ce pays comme elle l'a fait pour la Grèce, le Portugal et l'Irlande».

Les taux obligataires à 10 ans ont atteint des records historiques de 5,5% pour l'Italie et de plus de 6% pour l'Espagne. Il s'agit des niveaux les plus élevés depuis la création de l'euro et qui, sur le moyen-long terme, sont intenables et mettent en question la capacité de ces pays à rembourser leur dette.

---------------

Bourses / Variation d'un jour

Toronto (S&P/TSX) -1,4%

New York (Dow Jones) -1,2%

Londres (FTSE-100) -1%

Francfort (DAX) -2,3%

Paris (CAC-40) -2,7%

Madrid (Ibex-35) -2,7%

Milan (FTSE-MIB) -4%