Un vent de panique a soufflé mardi sur la Bourse de Tokyo, n'épargnant aucun secteur, les investisseurs étant saisis d'effroi face à l'aggravation de la crise nucléaire au lendemain d'un séisme dévastateur.

L'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes s'est effondré de 10,55%, plongeant de 1015,34 pour clôturer 8605,15 points, soit, en pourcentage, la troisième plus importante chute depuis sa création il y a plus d'un demi-siècle. Il n'avait pas fini si bas depuis près de deux ans.

L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau, qui couvre des entreprises d'un nombre plus vaste de secteur, a chuté pour sa part de 9,47%, perdant 80,23 points à 766,73 points.

Le Topix est composé d'entreprises davantage tourné vers le marché intérieur que le Nikkei, formé pour l'essentiel de multinationales.

Le Nikkei avait déjà chuté lundi de 6,18%, trois jours après un séisme et un tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon, détruisant ou endommageant les infrastructures.

L'activité tourne depuis au ralenti au Japon, nombre d'entreprises des secteurs phares de l'automobile, de l'électronique ou des télécommunications étant contraintes de suspendre en partie, voire l'ensemble de leur production au Japon, tandis que les employés peinent à se rendre sur leur lieu de travail à cause de perturbations dans les transports.

Mardi, le mouvement de vente massif a frappé la Bourse à la reprise de 03H30 GMT, après que le gouvernement eut admis que le niveau de radioactivité mesuré sur la centrale nucléaire de Fukushima était dangereux pour la santé.

L'activité a atteint le niveau record de 5,78 milliards d'actions échangées sur le premier marché, près de trois fois plus que la normale.

Pour tenter d'apaiser le marché, la Banque du Japon a continué d'injecter massivement des fonds dans le circuit interbancaire, portant à 23 000 milliards de yens (200 milliards de yens) la sommes totale mise sur le marché en deux jours, un montant inédit.

Le gouvernement a tenté de rassurer, le ministre délégué à la Politique économique Kaoru Yosano rappelant que les autorités pouvaient acheter des actions pour soutenir le marché en cas de crise, comme elles l'on fait au moment de l'éclatement d'une bulle financière dans les années 90 puis lors de la crise financière de 2008-09.

M. Yosano a déclaré qu'il n'était «pas inquiet», soulignant que la Bourse avait déjà connu ce genre de choc «quatre ou cinq fois» après la faillite de Lehman Brothers.

Il a ajouté que le marché devrait ouvrir mercredi comme d'habitude. «C'est normal que le marché soit ouvert tout le temps. Il n'y a ni demande ni raison pour que le marché soit fermé».

Au milieu de la chute généralisée du marché mardi, Tokyo Electric Power (Tepco) était aux premières loges. La compagnie d'électricité gestionnaire de la centrale de Fukushima au centre de l'inquiétude internationale a vu son titre s'écrouler de 24,67% à 1.221 yens, une baisse équivalente à celle de la veille.

L'opérateur Tohoku Electric, desservant le nord-est dévasté par le tsunami et gérant lui aussi des installations nucléaires, a également plongé de 20,18% à 1.186 yens.

Aucun secteur n'a été épargné.

Les banques ont payé le prix fort, Mizuho Financial Group reculant de 10,34% à 130 yens, Mitsubishi UFJ Financial Group de 8,75% à 365 yens, tandis que le groupe de services financiers Nomura tombait de 12,05% à 387 yens.

Les groupes d'industrie lourde ont aussi dévissé, les opérateurs craignant que les problèmes énergétiques provoqués par l'arrêt de réacteurs nucléaires ne nuise à l'activité industrielle. Mitsubishi Heavy Industries a perdu 10,87% à 287 yens, Hitachi 12,56% à 362 yens et Toshiba, également producteur de centrales nucléaires, 19,46% à 331 yens.

Parmi les géants de l'électronique, Panasonic s'est écroulé de 11,27% à 866 yens et Sony de 8,86% à 2324 yens.

Les constructeurs automobiles, dont les chaînes de montage sont quasiment complètement arrêtées depuis vendredi ont aussi laissé des plumes: Toyota 7,40% à 3065 yens, son concurrent Nissan 3,32% à 698 yens et Honda 3,90% à 2.974 yens.

Les firmes de BTP, qui avaient bondi lundi grâce aux perspectives de grands travaux nécessaires à la reconstruction du nord-est, ont chuté lourdement à leur tour, Taiheyo Cement abandonnant ainsi 21,17% à 108 yens et Daiwa House 14,10% à 944 yens.