Un Prix Nobel qui parle ouvertement de dépression économique. Des consommateurs américains de nouveau déprimés. D'autres inquiétudes en provenance de la Chine, du Japon et des banques européennes. Le président Obama, pourtant optimiste de nature en matière économique, qui avoue sa «grande inquiétude». Avec autant de mauvaises nouvelles, pas étonnant que la Bourse ait connu hier l'un de ses pires jours de l'année.

Au Canada, l'indice de la Bourse de Toronto a connu sa pire séance de l'année 2010. L'indice TSX a perdu -2,96% de sa valeur (-343 points), clôturant la séance à 11 263 points. Aux États-Unis, les indices Dow Jones et S&P 500 ont perdu respectivement -2,65% et -2,96%.

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La purge a été encore plus éprouvante sur les marchés européens: -4,01% à Paris, -3,10% à Londres, à 3,33% à Francfort et -4,44% à Milan. En dépit de la belle victoire de leur équipe de soccer à la Coupe du monde, les Espagnols ont été les investisseurs les plus durement touchés de la planète hier: la Bourse de Madrid a perdu -5,45% de sa valeur. En Asie, les marchés boursiers ont aussi clôturé en forte baisse, autant à Shanghai (-4,27%), Hong-Kong (-2,31%) et Tokyo (-1,27%).

À qui la faute de ce dernier plongeon boursier mondial? Plusieurs indices pointent en direction du même coupable: les consommateurs américains, qui ont de nouveau perdu confiance en leur économie. Selon le Conference Board, l'indice de confiance des consommateurs a chuté de 62,7 à 52,9 en juin, mettant ainsi fin à une séquence de trois hausses mensuelles consécutives.

Le président Obama cherche pourtant à rassurer ses concitoyens. Même s'il a reconnu sa «grande inquiétude», Barack Obama assure que «l'économie se renforce». «Nous sommes dans une phase de relance de l'économie. Nous sommes d'accord sur le fait que l'économie se renforce, mais il y a une grande inquiétude concernant les huit millions d'emplois perdus ces deux dernières années», a dit le président américain après une rencontre avec le président de la Fed, Ben Bernanke.

«Les gens sont plus nerveux, dit Hendrix Vachon, économiste au Mouvement Desjardins. Barack Obama est un politicien, alors il ne veut pas inquiéter les gens. En même temps, c'est vrai que tout n'est pas négatif aux États-Unis. Le marché immobilier va mal, mais le marché de l'emploi va mieux.»

L'économiste en chef de la Banque Laurentienne, Carlos Leitao, attribue plutôt la mauvaise séance d'hier à la nervosité des investisseurs, incapables d'encaisser des prévisions économiques à la baisse. «Les marchés boursiers ont des jours comme ça, dit M. Leitao. C'est vrai que la chute de la confiance des consommateurs américains n'est pas une bonne nouvelle, mais la baisse d'hier n'est pas justifiée sur le plan strictement économique.»

À leur décharge, les consommateurs américains ne sont pas les seuls responsables de la dernière débâcle boursière. Hier, le Conference Board a aussi révisé à la baisse ses prévisions de croissance économique pour la Chine. «On se fie beaucoup à la Chine pour relancer l'économie mondiale», dit l'économiste Hendrix Vachon, du Mouvement Desjardins.

Selon l'économiste Stéfane Marion, difficile d'imaginer un pire moment pour annoncer de telles mauvaises nouvelles. Avec le deuxième trimestre de 2010 qui prend fin aujourd'hui, plusieurs investisseurs en profitent afin de réajuster leur portefeuille. Certains auraient vendu des actions au profit d'obligations, question de diminuer leur exposition au risque. «C'est une correction importante, mais nous sommes en fin de trimestre, dit l'économiste en chef de la Banque Nationale. Je le vois la séance d'hier davantage comme une séance de réallocation d'actifs lors d'une fin de trimestre.»

Le plongeon boursier survient au lendemain d'une chronique particulièrement percutante de l'économiste Paul Krugman dans le New York Times. Dans sa chronique, le prix Nobel d'économie évoque le spectre d'une dépression économique. «Je ne suis pas d'accord avec son analyse sur une nouvelle dépression, mais M. Krugman a raison de dire aux politiciens de ne pas lâcher les plans de relance trop rapidement, dit l'économiste Stéfane Marion. Est-ce que tu lâches ton bébé avant qu'il puisse se tenir debout seul? Non.»

Malgré la nervosité sur les marchés boursiers, l'économiste Hendrix Vachon doute de les voir plonger encore plus bas à court terme. «Les marchés ont anticipé le pire hier, dit l'économiste du Mouvement Desjardins. Il ne faut pas s'attendre à des baisses comme ça tous les jours.»

NEW YORK

-2,7%

TORONTO

-3,0%

LONDRES

-3,1%

SHANGHAI

-4,3%