La Bourse de capital de risque TSX Croissance, soeur cadette du TSX, fait plus que son petit bonhomme de chemin depuis deux ans. Son indice a clôturé hier à 1652,2, une explosion de 141% depuis son abysse de 684 points, atteint le 12 mai 2008.

Elle a largement profité de l'embellie du secteur des ressources naturelles, qui concentre plus de la moitié des 2174 entreprises de son parc boursier.

Or, la Bourse TSX Croissance est à plusieurs égards unique au monde.

C'est ce que démontrent Cécile Carpentier et Jean-Marc Suret, professeurs à l'École de comptabilité de l'Université Laval, dans un rapport préparé pour l'Autorité des marchés financiers et dans un article à paraître dans le Journal of Business Venturing.

Nulle part ailleurs ne trouve-t-on un tel marché public de capital de risque, où des investisseurs individuels financent des entreprises en émergence, soutiennent les auteurs. Cette spécialité est habituellement réservée aux professionnels du capital de risque privé.

Club-école

«Les chercheurs et les organismes de réglementation considèrent généralement que les investisseurs individuels ne disposent ni des habiletés ni des outils nécessaires pour investir dans des entreprises émergentes, énoncent-ils. Un marché public de capital de risque ne devrait donc pas connaître le succès.»

Et pourtant, la Bourse TSX Croissance n'a pas à rougir, bien au contraire. Pour chaque entreprise que le capital de risque conventionnel mène au Graal de la Bourse TSX, la TSX Croissance en propulse sept, fait valoir Jean-Marc Suret.

Elle constitue ainsi une manière de club-école pour la ligue majeure, une situation sans équivalent. Ainsi, les entreprises qui accèdent à la TSX Croissance en sont à un stade beaucoup moins avancé de leur développement que celles inscrites par exemple à l'Alternative Investment Market de Londres, lesquelles présentent plutôt des caractéristiques similaires aux sociétés de notre TSX.

Les entreprises qui sont entrées à la TSX Croissance entre 1985 et 2005 ont ouvert un gousset de 200 000$ à 300 000$.

Pendant ce temps, les Bourses européennes de croissance exigeaient un minimum de 5 millions d'euros. Pour un billet d'entrée au NASDAQ, l'action doit valoir 5$US, alors que la TSX Croissance a placé le seuil à 15 cents.

Autre particularité, nos entreprises en herbe peuvent accéder à la TSX Croissance sans faire un premier appel public à l'épargne, en utilisant la technique de la prise de contrôle inversée - en fusionnant avec une coquille vide, une entreprise déjà inscrite mais qui n'est plus en activité.

En outre, les entreprises inscrites à la TSX Croissance parviennent sans trop de mal à attirer des investisseurs disposés à faire des placements privés. «Aux États-Unis, on a des placements privés, mais de 200 ou 300 millions, précise M. Suret. Ici, vous avez des placements de 500 000$ ou 1 million, dans des entreprises émergentes. C'est spécial.»

L'étude Carpentier-Suret a mesuré un rendement de 7% pour les sociétés non minières qui ont accédé à la TSX Croissance entre 1995 et 2005, pendant que le capital de risque réalisait un piètre... -3%.