Oubliez les profits pour un instant. Pour un trimestre, en fait. Car au dernier trimestre, dont les résultats commenceront à être dévoilés jeudi, les investisseurs regarderont surtout la colonne des revenus.

«Les entreprises ont réussi à augmenter leur productivité, elles doivent maintenant augmenter leurs revenus, dit Vincent Delisle, stratège boursier de Scotia Capitaux. Les marchés attendent les résultats des entreprises avec une brique et un fanal.»

> Le tableau des entreprises à suivre

Depuis six mois, la Bourse monte surtout en raison de la hausse de productivité des entreprises. Selon plusieurs analystes, ce petit jeu-là est terminé. Car le dernier trimestre, qui s'est conclu mercredi dernier, sera celui des revenus. «Les investisseurs ont mis un X sur 2009. Ils regardent déjà pour 2010 et ils veulent savoir si les revenus se sont stabilisés», dit Marc Dalpé, gestionnaire au portefeuille du Groupe Dalpé-Milette chez Valeurs mobilières Desjardins.

Selon l'agence financière Bloomberg, les entreprises inscrites au S&P 500 devraient dévoiler des profits supérieurs de 15% par rapport au deuxième trimestre de 2009.

Alcoa testera les attentes du marché en premier. Le producteur d'aluminium et rival de Rio Tinto Alcan présentera ses résultats trimestriels ce jeudi. Les autres géants du S&P 500 (Johnson&Johnson, Apple, Coca-Cola, Microsoft, pour ne nommer que ceux-là) s'exécuteront à leur tour au cours du prochain mois. Les entreprises canadiennes dévoileront leurs résultats de la fin octobre à la fin décembre. Les banques canadiennes monopoliseront l'attention au cours de la première semaine de décembre.

Du néant (0$ par action) au quatrième trimestre de 2008, les profits des entreprises de l'indice américain S&P 500 sont passés à 14$ par action au deuxième trimestre de 2009. Les analystes s'attendent à des profits de 16$ par action au dernier trimestre. Une barre que les membres du S&P 500 ont intérêt à dépasser pour leur propre bien en Bourse. «Les résultats ne doivent pas seulement être bons, ils doivent être meilleurs que les attentes», dit Vincent Delisle.

Aux États-Unis, Vincent Delisle a surtout l'oeil sur trois groupes de titres: les grandes institutions financières comme Citigroup, JPMorgan Chase et Bank of America, les chaînes de magasins comme Macy's, Wal-Mart et Target et quelques technos comme Dell, Cisco et Hewlett-Packard. «Tu veux savoir essentiellement trois choses, dit le stratège boursier. Est-ce que les banques vont faire plus d'argent? Comment les consommateurs ont réagi? Est-ce que les entreprises ont recommencé à investir, par exemple en achetant du matériel informatique et technologique?»

Malgré sa hausse de 47% depuis son creux de mars dernier, l'indice canadien TSX continuera de s'apprécier, selon Vincent Delisle. De 10% à 15% d'ici la fin de 2010, rien de moins. «La reprise économique modeste n'enlève pas tout le potentiel de profit des entreprises», dit-il. L'indice TSX a clôturé la séance d'hier à 11 162 points, s'appréciant de 1,32%. Il s'agit de sa hausse quotidienne la plus importante depuis le 22 septembre dernier. De son côté, l'indice américain S&P 500 a terminé la séance d'hier en hausse (+1,49%) à 1040 points.