Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Pierre Bernard, de L'Industrielle-Alliance.

Quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Les données dévoilées hier sur la consommation aux États-Unis pour le mois de mai. Ces statistiques sur la consommation touchent 70% du PIB nord-américain. Les chiffres sont à la hausse, ce qui est positif. Le revenu des consommateurs a augmenté et la consommation suit. Un mois ne fait pas une tendance, mais ça peut soulager des craintes.Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

L'inflation. D'un côté, certains ont peur que le contrôle soit perdu parce que beaucoup d'argent a été imprimé. De l'autre, les gouvernements tentent d'éviter une catastrophe comme une dépression mondiale et je pense qu'ils réussissent avec leurs politiques. Si on met beaucoup d'argent dans le système, il faut voir où va l'argent. Il peut rester dans un bas de laine, il peut être utilisé pour payer des dettes, pour investir à la Bourse ou pour acheter une maison, une voiture ou des vêtements. De ce côté, le gouvernement n'a pas de contrôle. C'est pourquoi il faut surveiller l'inflation. Le gouvernement ne peut pas tout contrôler.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Achetez à la Bourse! Il faut toutefois être diversifié. Le meilleur moyen est d'acheter l'indice du marché (le XIU par exemple) ou un fonds commun de placement. Toutefois, les fonds communs de placement facturent des frais de gestion, ce que vous n'avez pas à payer en achetant l'indice. Je recommande par ailleurs de suivre une règle très simple. Votre âge doit égaler en pourcentage ce que vous devez avoir dans des instruments à revenus fixes (bons du Trésor, obligations d'épargne du gouvernement du Québec ou du Canada, etc.). Le reste de vos avoirs peut être utilisé pour investir en Bourse et acheter l'indice des marchés, par exemple.

Quel placement faut-il éviter?

Il faut éviter les bons du Trésor américains. C'est un instrument qui ne rapporte qu'un très faible intérêt. La raison est simple, c'est parce que c'est un placement refuge. Lorsque les gens ont peur, ils achètent ces titres.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus en ce moment?

On sous-estime le pouvoir de gains des entreprises d'ici qui ont des activités en Asie, en Amérique latine et en Europe de l'Est. Je pense par exemple à Bombardier, Research in Motion et Apple. L'accès au rêve américain ne changera pas et ce rêve fait en sorte que les gens veulent devenir propriétaires d'une voiture, d'une maison et de biens de luxe. Le pouvoir de croissance des pays d'Asie, d'Amérique latine et d'Europe de l'Est va compenser pour les problèmes que les consommateurs américains et européens éprouvent. À mon avis, la division Transport de Bombardier, sans tenir compte de la division Aéronautique, vaut 5$ par action. Research in Motion et Apple sont le symbole de cette génération qui utilise un instrument qui sert à communiquer sous toutes ses formes. Nous sommes en quasi-dépression et malgré tout, les plus récents chiffres de croissance d'abonnés de RIM sont très bons.

Pierre Bernard est vice-président, actions canadiennes, à l'Industrielle-Alliance. Il est responsable de la gestion de plus de 800 millions de dollars d'actifs. Il travaille dans le domaine depuis 1982. Il a commencé sa carrière à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Il a par la suite travaillé chez TAL Talvest (aujourd'hui CIBC) et pour la Banque Laurentienne.