Boeing se pose au Québec « pour y rester » à long terme, affirme le responsable des activités internationales de l’avionneur américain. À écouter Brendan Nelson, la multinationale n’a pas fini d’annoncer des projets dans l’industrie québécoise.

« Il y a d’autres investissements que nous allons faire ici à Montréal et nous le ferons plus tard dans l’année, lorsque le fruit sera mûr, explique le président de Boeing Global, en entrevue avec La Presse, mardi. Nous avons budgété l’argent, il n’y a pas de doute. »

M. Nelson faisait partie d’un aréopage de personnalités, qui incluait entre autres le premier ministre François Legault et le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, qui ont confirmé, mardi, des investissements de 240 millions pilotés par Boeing dans la province.

La Presse avait éventé ces projets la semaine dernière.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le gouvernement Legault, qui contribue à hauteur de 85 millions, a également confirmé la création d’une zone d’innovation en aérospatiale, qui se déploiera dans trois pôles.

Officialisés dans le cadre du Forum innovation aérospatiale d’Aéro Montréal, ces projets s’accompagnaient d’un soutien financier de 85 millions de Québec afin de mettre en place une zone d’innovation qui se déploiera dans trois pôles : Longueuil (Saint-Hubert), Montréal (Saint-Laurent) et Mirabel.

En tenant compte de projets privés déjà en marche chez des acteurs de l’industrie comme Bombardier, Airbus ainsi que Pratt & Whitney, les investissements privés et publics se chiffrent à 415 millions.

Le président de Boeing Global ne s’est pas avancé sur les autres projets étudiés par le constructeur américain en territoire québécois. Ce qui a été présenté mardi est loin d’être une opération de façade pour donner l’impression que l’entreprise génère des retombées au nord de la frontière canado-américaine, assure M. Nelson.

Nous sommes ici pour y rester. Dans un demi-siècle, on regardera en arrière et il y aura beaucoup de gens de Boeing ici qui travailleront sur des projets.

Brendan Nelson, président de Boeing Global

La réputation du constructeur américain est mise à mal par les temps qui courent dans la foulée d’un évènement où la porte d’un appareil d’Alaska Airlines s’est détachée en plein vol ainsi que de problèmes de production, notamment. M. Nelson en est bien conscient, mais ajoute que cela n’empêche pas la compagnie d’attirer de nouvelles recrues.

« Nous avons recruté 14 000 personnes l’an dernier », affirme-t-il.

Promesses à tenir

Boeing doit générer des milliards en retombées économiques après avoir obtenu, en novembre dernier, un contrat de gré à gré de 5,4 milliards pour la livraison de 16 exemplaires du Poseidon P-8 – 14 avions et 2 options – pour remplacer les avions de surveillance vieillissants de l’Aviation royale canadienne. Ce dossier avait pris une tournure politique puisque Bombardier avait, pendant des mois, déployé des efforts considérables pour réclamer un appel d’offres et proposer une version militarisée de son jet privé Global 6500. Québec et l’Ontario avaient publiquement appuyé le constructeur québécois.

Le géant américain consacrera entre autres 110 millions pour financer un centre de recherche et d’innovation qui se penchera sur des concepts comme la « décarbonation », l’« électrification » et l’autonomie des aéronefs, selon le dirigeant de Boeing Global.

Les projets financés par Boeing :

  • Un centre de recherche et d’innovation (110 millions)
  • La croissance québécoise de sa filiale Wisk (95 millions)
  • Le développement de trains d’atterrissage avec Héroux-Devtek (35 millions)

C’est le Technoparc Montréal, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, qui devrait accueillir ce centre, a indiqué à La Presse la présidente-directrice générale d’Aéro Montréal, Mélanie Lussier, notamment en raison de sa proximité avec une station du Réseau express métropolitain. On espère que l’édifice sera en mesure d’accueillir ses premiers locataires en 2026.

« Le modèle, c’est que des entreprises puissent louer des espaces pour travailler sur des projets collaboratifs et y installer leurs ingénieurs », explique Mme Lussier.

Encore des questions

Ce projet sera mené par les responsables de la zone d’innovation en aérospatiale. Boeing offre le financement, mais la multinationale n’agira pas comme maître d’œuvre du chantier. Difficile, à ce stade-ci, d’avoir une idée de la capacité d’accueil du complexe ainsi que des entreprises qui s’y installeront.

« On ne parle pas d’un petit édifice », assure Mme Lussier.

Celle-ci précise que l’endroit abritera une volière intérieure pour permettre à des drones de moins de 25 kg (55 lb) d’effectuer des essais en vol sans être exposés aux aléas météorologiques.

La présidente d’Aéro Montréal ajoute que les équipements du Centre de recherche en aérospatiale devraient être déménagés dans le bâtiment qui doit être construit dans le Techoparc Montréal.

Qu’est-ce qu’une zone d’innovation ?

Le concept vise à faciliter les rapprochements entre le secteur privé (entrepreneurs et grands donneurs d’ordres) et le secteur de la recherche. L’objectif : avoir de meilleures chances de commercialiser une découverte ou un projet de recherche. « Nous sommes très bons en recherche, mais beaucoup moins bons pour commercialiser cette recherche », a lancé le premier ministre François Legault, en conférence de presse.

En savoir plus
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    Ce sont les axes de développement de la zone d’innovation : la décarbonation et l’autonomie des aéronefs.
    Source : gouvernement du Québec
    4
    L’aérospatiale, la science quantique (Sherbrooke), les technologies numériques (Bromont) et la transition énergétique (Bécancour/Trois-Rivières/Shawinigan) sont les zones d’innovation au Québec.
    Source : gouvernement du Québec