Le Comité permanent de l’agriculture de la Chambre des communes a donné un avertissement à Loblaw et à Walmart, qu’il juge récalcitrantes à signer le code de conduite mis de l’avant dans l’industrie.

La semaine dernière, le Comité a remis une lettre aux deux entreprises qui ne semblent pas vouloir se rallier. Aux yeux du Comité, elles devraient changer leur fusil d’épaule et signer le code de conduite visant à assainir les relations entre épiciers et fournisseurs. Sans quoi l’adhésion pourrait devenir obligatoire, laisse entendre le Comité.

« Comme vous le savez, le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes a étudié les efforts de stabilisation du prix des aliments. La mise en place et l’application d’un code de conduite des épiceries au Canada sont des sujets récurrents de cette étude. Le Comité a décidé de prendre l’initiative exceptionnelle d’écrire la présente lettre avant de présenter son rapport, afin de vous exhorter à prendre des mesures immédiates pour signer et mettre en œuvre ce code », peut-on lire dans la lettre adressée conjointement à Per Bank, président et chef de la direction de Loblaw, et à Gonzalo Gebara, président et chef de la direction de Walmart. Les dirigeants de Costco, Empire (IGA) et Metro ont reçu la lettre en copie conforme.

« Bien que nous préférions que vous adoptiez volontairement le Code, nous sommes d’avis qu’une décision de l’un ou l’autre d’entre vous de ne pas participer au Code mettrait en péril sa pleine efficacité. Dans un tel cas, le Comité n’hésitera pas à recommander au gouvernement fédéral et aux provinces d’adopter une loi pour le rendre obligatoire. »

Dans les plus brefs délais

Dans sa lettre, le président du Comité, le député libéral Kody Blois, insiste sur le fait que la mise en place du code doit se faire dans les plus brefs délais afin de « résoudre les problèmes auxquels est confronté le secteur des aliments et des boissons ». Il permettrait d’éviter les « factures surprises » que les détaillants font parfois parvenir à leurs fournisseurs de biscuits, de jus ou de sauce tomate, par exemple, en exigeant des frais pour financer un nouveau programme de fidélité ou encore pour une livraison en retard.

« Comme vos chaînes font partie des cinq plus grandes qui contrôlent environ 80 % du marché canadien de l’épicerie, la décision de l’une ou l’autre de vos entreprises de ne pas participer au Code nuira à sa capacité de répondre aux défis auxquels de nombreux fournisseurs font face », s’inquiète M. Blois.

Interrogé à ce sujet vendredi à l’émission Midi Info sur les ondes d’Ici Première, le ministre québécois de l’Agriculture, André Lamontagne, a affirmé sans détour qu’il fallait que « tout le monde embarque », sans quoi la confiance des consommateurs pourrait s’effriter. Il s’est toutefois bien gardé de nommer un détaillant en particulier.

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André Lamontagne, ministre québécois de l’Agriculture

À la suite de cette mise en garde du Comité, les deux enseignes visées ont-elles l’intention de se rallier à Metro, IGA et Costco en signant le fameux Code de conduite des épiceries ? Difficile à dire.

« Nous demeurons résolus à vouloir travailler avec l’industrie à la mise en place d’un code qui soit réciproque, équitable et basé sur des relations de bonne foi tout au long de la chaîne d’approvisionnement », a répondu par courriel Johanne Héroux, directrice principale, affaires corporatives et communication, de Loblaw. « Notre objectif est de s’assurer que le code soit dans le meilleur intérêt de tous, en particulier des consommateurs. »

Walmart n’a pas été plus claire sur ses intentions. « Walmart Canada appuie les initiatives qui favorisent l’équité et la réciprocité chez les fournisseurs et les détaillants et qui, ultimement, sont dans l’intérêt fondamental des consommateurs, mentionne son porte-parole, Steeve Azoulay. Bien que nous ayons d’importantes préoccupations au sujet du Code dans sa forme actuelle, nous continuerons de travailler de façon constructive avec l’industrie à ce sujet. »

Avec la collaboration de Marie-Eve Fournier, La Presse