Initialement évalué à 500 millions de dollars, le coût du projet de modernisation de la Fonderie Horne, visant à réduire ses émissions d’arsenic, a été « significativement » revu à la hausse, a annoncé mercredi Glencore. Le syndicat qui représente les travailleurs de l’usine demande à être « rassuré » quant à l’avenir de leurs emplois.

« Nos membres demeurent notre priorité et il est temps de les rassurer », a déclaré le président du Syndicat des travailleurs de la mine Noranda, Shawn Smith.

Mercredi matin, Radio-Canada rapportait que le coût estimé pour réduire les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne avait augmenté de 50 %, soit de 500 millions de dollars à 750 millions.

Selon un document interne du ministère de l’Économie obtenu par le diffuseur public, la haute direction de Glencore « conserve des doutes importants quant à l’opportunité de réaliser le projet », indique le document.

« La Fonderie Horne semble être à la croisée des chemins et son avenir sera vraisemblablement décidé au cours des quatre prochaines semaines », peut-on lire dans le document.

« L’investissement de 750 millions doit absolument se faire à notre usine. C’est essentiel pour conserver nos emplois, mais aussi ceux des autres usines et des fournisseurs qui dépendent de la Fonderie. Ce que nous fabriquons est aussi essentiel à la transition en cours, laquelle vise à remplacer le pétrole par l’électricité », a fait valoir M. Smith.

Coûts revus à la hausse

Dans un communiqué diffusé mercredi, Glencore confirme que les coûts liés au projet de modernisation Aeris « ont été significativement révisés à la hausse ».

Nous avons rencontré le gouvernement au cours des dernières semaines à ce sujet. Comme toute entreprise qui s’apprête à investir de telles sommes, nous voulons nous assurer d’avoir un environnement stable et une prévisibilité quant aux futures conditions d’opération, et ce, à moyen et long termes.

Extrait du communiqué de Glencore

Ainsi, « une nouvelle étape d’approbation de la maison-mère est requise, pour valider le portrait global du projet, incluant les investissements requis et les risques associés ».

Le cabinet du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a confirmé que le document était authentique, ajoutant qu’il ne l’a pas et n’a pas l’intention de le rendre public.

Québec a imposé à la fonderie de ne pas générer une concentration d’arsenic dans l’air supérieure à 15 ng/m⁠3 d’ici la fin de 2027.

Actuellement, une entente avec le gouvernement permet que les émissions de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 45 ng/m⁠3, tandis que la norme québécoise est de 3 ng/m⁠3.

Éviter de « créer des peurs inutiles »

Selon son site, l’usine de Rouyn-Noranda emploie 600 travailleurs. Sa fermeture entraînerait également la mise à pied de 550 travailleurs à l’affinerie de CCR de Montréal-Est, qui dépend de sa production.

« Il est dommage que les travailleuses et les travailleurs soient inquiétés périodiquement sur leur avenir. L’entreprise et le gouvernement devraient éviter de créer des peurs inutiles qui risquent de compliquer l’embauche et la rétention du personnel », a déclaré de son côté le président du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec–CSN, Félix-Antoine Lafleur.

« Nous croyons en notre projet Aeris, et les investissements majeurs liés à notre modernisation devraient nous permettre de devenir l’une des fonderies de cuivre les plus efficaces au monde en termes d’émissions atmosphériques », conclut le communiqué de Glencore.

Appelé à réagir sur la menace de fermeture planant sur la fonderie, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a rappelé que l’entreprise avait des obligations à respecter.

« Ce n’est pas une question d’investissement, c’est une question de résultats. Et il faut ces investissements-là pour les atteindre », a-t-il souligné en mêlée de presse.

La fermeture de l’usine serait « majeure », a indiqué le député caquiste d’Abitibi-Est, Pierre Dufour, en faisant référence aux pertes d’emplois et aux conséquences sur les autres entreprises, comme l’affinerie CCR.

« Ce n’est pas une question de rassurer la compagnie. Je pense que tout le monde a un rôle à jouer dans ce dossier-là. Le gouvernement doit s’assurer de la sécurité des gens avec la Direction de santé publique. D’un autre côté, la compagnie doit aussi [agir en] bon employeur », a-t-il déclaré.