Déjà en hausse de 60 % depuis le début de novembre, l’action du distributeur montréalais de contenus musicaux Stingray a poursuivi sa progression mercredi après le dévoilement d’une performance financière trimestrielle supérieure aux attentes.

L’entreprise vient de franchir une étape importante en dépassant la barre des 100 millions de dollars de revenus pendant un trimestre pour la première fois de son histoire grâce notamment à une forte croissance de ses recettes publicitaires.

Les revenus totaux générés par Stingray durant les mois d’octobre, novembre et décembre ont augmenté de 12 % sur un an, à 100,3 millions de dollars.

Les analystes anticipaient des revenus de 95 millions. Le bénéfice d’exploitation ajusté de 38,6 millions, en hausse également de 12 %, excède aussi les prévisions des experts. Ces derniers prévoyaient 35,5 millions.

Le cofondateur et grand patron de Stingray, Eric Boyko, qualifie les résultats d’« exceptionnels ».

« Stingray continuera de générer une solide croissance des produits pour l’exercice 2025, avec des marges comparables », dit-il.

On a un momentum incroyable pour les prochains trimestres et les prochaines années. On a le vent dans les voiles avec plusieurs gros vecteurs de croissance.

Eric Boyko, cofondateur et grand patron de Stingray

Eric Boyko dit voir beaucoup d’opportunités de croissance de revenus, en particulier sur le vaste marché américain. Stingray génère actuellement 51 % de son chiffre d’affaires au Canada, 37 % aux États-Unis et 12 % dans d’autres pays.

À son avis, la croissance enregistrée dans le dernier droit de 2023 est soutenable d’abord parce que la publicité audio dans les commerces de détail est appelée à prendre de plus en plus d’importance.

Au Canada, Stingray possède notamment des ententes avec Dollarama, Metro, Walmart, Familiprix et Loblaw.

« Nous ouvrons la voie dans le secteur des solutions médias pour commerces de détail en fournissant aux grands détaillants une plateforme technologique qui diffuse des publicités adaptées sur un réseau numérique à quelques minutes d’intervalle afin de monétiser pleinement la présence des consommateurs en magasin », soutient Eric Boyko.

Les résultats dans ce secteur justifient dans une certaine mesure les objectifs ambitieux de la direction pour cette unité d’affaires, soutient l’analyste Jérôme Dubreuil, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note envoyée à ses clients pour réagir à la performance financière divulguée par Stingray.

Diffusion continue

La confiance d’Eric Boyko vient aussi de la popularité des appareils prenant en charge la diffusion de contenu audio et vidéo (télévision connectée).

« Nous sommes le joueur numéro un de musique dans tous les téléviseurs connectés au monde. La télé connectée est un marché énorme. Tous ceux qui quittent le câble se tournent vers ces produits-là », dit Eric Boyko.

Des chaînes Stingray de télévision gratuites soutenues par la publicité sont désormais proposées mondialement sur diverses plateformes de télévisions connectées et de streaming.

« On fait plus d’argent avec la publicité sur ces chaînes qu’avec le modèle câblé », dit Eric Boyko.

Divertissement en voiture

Un autre vecteur de croissance important pour Stingray est le divertissement en voiture. « On revient du Consumer Electronics Show (CES) – qui se déroulait en janvier à Las Vegas – où nous avons rencontré tous les grands manufacturiers (plus d’une trentaine) et nous sommes en discussions avec chacun. Stingray est positionnée pour plus ou moins remplacer XM Sirius dans les voitures », affirme Eric Boyko.

Le déploiement initial de l’application Stingray Karaoke dans 300 000 voitures du fabricant chinois BYD, avec qui une entente a été annoncée à l’automne, va bon train. BYD est un des quatre grands constructeurs automobiles avec qui Stingray a jusqu’ici conclu des partenariats. Les autres sont Tesla, Audi/Volkswagen et Sony/Honda.

Les revenus provenant de la centaine de stations de radio détenues par Stingray démontrent par ailleurs une certaine résilience en demeurant relativement stables. Le secteur radio, qui a déjà généré 50 % des bénéfices de l’entreprise, ne contribue plus qu’approximativement 25 % des profits au fur et à mesure que les activités de distribution de l’entreprise prennent de l’expansion.

Cette situation démontre à quel point Stingray a réorienté ses activités depuis l’acquisition de stations de radio en 2018.

L’action de Stingray, qui s’est appréciée de 7 % mercredi, est en forte progression depuis son creux de 4 $ en novembre. Au cours actuel de 7,38 $, elle demeure toutefois encore loin de son sommet historique de 11 $ d’il y a six ans atteint juste avant l’annonce de l’achat d’une centaine de stations de radio au pays.

Malgré le récent rebond observé en Bourse, le marché continue de sous-évaluer le potentiel de croissance du titre, croit l’analyste Jérôme Dubreuil.

Il note que le désendettement devrait permettre d’attirer de nouveaux investisseurs. « L’effet de levier a été une source d’opposition pour certains investisseurs, mais la situation s’est nettement améliorée au cours du trimestre. »