À la tête du détaillant montréalais Reitmans depuis septembre, Andrea Limbardi répond sans hésitation lorsque La Presse lui demande ses premières impressions de l’entreprise familiale fondée il y a presque 100 ans. « C’est le secret le mieux gardé au Canada », dit-elle.

« Il faut être moins humble dans l’approche marketing. Les entreprises familiales sont généralement moins à l’aise de parler de ce qu’elles font bien. Il y a un ensemble de choses à changer. Ça part de la formation en magasin jusqu’à l’image des boutiques qui doit correspondre au message. C’est un travail à 360 degrés », précise la première personne non membre de la famille Reitman à diriger l’entreprise qui célébrera son centenaire dans deux ans.

Reitmans a essuyé des critiques au cours de la dernière année pour ce qui est perçu par certains observateurs comme un manque sur le plan de la transmission du message.

Andrea Limbardi entend remédier à la situation. Des conférences téléphoniques trimestrielles seront désormais organisées en marge du dévoilement des performances financières, fort probablement à compter du printemps, souligne-t-elle. Des cibles financières devraient alors être présentées. La nouvelle PDG dit aussi avoir déjà commencé à établir des relations avec des investisseurs.

Le sens des affaires d’Andrea Limbardi et sa compréhension du comportement des consommateurs sont des éléments qu’avait soulevés le président du conseil d’administration, Stephen Reitman, lors de sa nomination l’an passé. Son expertise en application de stratégies numériques sera requise à un moment où l’intelligence artificielle appliquée au commerce électronique a de plus en plus la cote.

L’ex-présidente de la chaîne de librairies Indigo dit avoir passé ses premiers mois aux commandes de Reitmans à visiter les boutiques de l’entreprise à Calgary, Toronto, Ottawa et Montréal pour discuter avec les clients et échanger avec les employés afin de « bien comprendre » l’organisation.

« Ça coïncidait avec la période des Fêtes, alors ça faisait mon affaire parce qu’on n’apporte jamais des changements pendant les mois de novembre et de décembre dans le commerce de détail. Il faut être là à 100 % pour les clients. »

« Une occasion de croissance des ventes »

Andrea Limbardi n’a pas souhaité offrir de commentaires sur Indigo, une entreprise où elle a passé 21 ans et qui a été victime d’une cyberattaque l’an passé et qui a vu plusieurs dirigeants partir dans les derniers mois.

Le constat qu’elle fait depuis son arrivée chez Reitmans est simple. « Je vois une occasion de croissance des ventes », dit-elle.

Si Andrea Limbardi préfère demeurer discrète sur ce qu’elle entend faire pour promouvoir les ventes parce que la stratégie est en préparation, elle souligne néanmoins que pour l’enseigne RW & CO, par exemple, les ventes de vêtements pour hommes sont en hausse et qu’il y a une véritable demande de la part des hommes pour avoir davantage d’options.

Andrea Limbardi dit vouloir investir dans les marques actuelles de Reitmans et note que les ventes de vêtements de sport de marque Hyba sont aussi en augmentation.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Andrea Limbardi, PDG de Reitmans

On vise à ouvrir possiblement une dizaine de magasins cette année. Peut-être davantage. Il faudra trouver les bons locaux.

Andrea Limbardi, PDG de Reitmans

Plusieurs boutiques doivent aussi être rénovées. Des investissements sont nécessaires au centre de distribution et dans le volet numérique, ce qui veut dire que les actionnaires souhaitant des rachats d’actions et une politique de dividendes pourraient devoir patienter encore un moment. Andrea Limbardi dit que différentes initiatives de création de valeur continuent d’être analysées.

« On doit trouver un équilibre pour s’assurer d’avoir la plus grande valeur possible », soutient la dirigeante née à Pierrefonds et ayant grandi à Beaconsfield, dans l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

« Les ventes en ligne demeurent plus élevées qu’avant la pandémie. On doit investir dans notre site web. Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire pour améliorer l’expérience client en ligne. »

« Changer d’adresse ne serait pas si simple »

Les actifs immobiliers, c’est-à-dire le siège social et le centre de distribution de l’arrondissement de Saint-Laurent, font aussi l’objet d’une évaluation. « Mais la demande n’est pas très forte pour des édifices de cette grandeur à cet endroit. Changer d’adresse ne serait pas si simple », dit celle qui habite aujourd’hui dans la Petite-Bourgogne, près du marché Atwater.

Appelée à se prononcer sur la valeur de l’entreprise, Andrea Limbardi est d’avis que la valeur réelle ne transparaît pas dans le prix actuel de l’action qui oscille autour de 2,50 $. « La valeur comptable de l’entreprise est supérieure à 5,50 $ par action, les liquidités représentent à elles seules environ 2 $ par action, et l’entreprise n’a pas de dettes. »

L’exploitant des enseignes Penningtons, RW & CO et Reitmans est revenu sur l’écran radar de certains investisseurs après avoir fait appel à la Loi sur les arrangements avec les créanciers pour assainir son bilan et rationaliser ses opérations pendant la pandémie.

Pendant le processus de restructuration, des magasins ont été fermés, des enseignes abandonnées (Thyme Maternité et Addition Elle) et des baux renégociés.

L’action avait été retirée de la Bourse de Toronto à la fin de juillet 2020 avant d’être inscrite à la cote de la Bourse de croissance de Toronto quelques semaines plus tard.

Reitmans en bref

  • Siège social : Montréal
  • Activités : vente au détail de vêtements
  • Nombre de boutiques : 401 (90 Penningtons, 80 RW & CO, 231 Reitmans)
  • PDG : Andrea Limbardi
  • Année de fondation : 1926 (par Herman et Sarah Reitman)
  • Nombre d’employés : 5500