(Montréal) La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) se prépare aux répercussions du conflit en mer Rouge, où les attaques contre des cargos ont provoqué un changement radical dans le transport maritime mondial.

Les frappes de missiles en cours au Yémen par des militants houthis soutenus par l’Iran ont poussé les principaux transporteurs de conteneurs à éviter la zone. Depuis la mi-décembre, des centaines de navires ont contourné le cap africain de Bonne-Espérance au lieu de passer par le canal de Suez, ce qui a entraîné d’importantes dépenses en carburant et en équipage et a déclenché une hausse des taux de fret.

Les temps de trajet plus longs et la confusion des horaires ont entraîné des retards allant jusqu’à trois semaines sur la majorité des transporteurs de conteneurs qui devraient arriver au port d’Halifax – une plaque tournante clé du CN – au cours du prochain mois.

La crise a également poussé de nombreux expéditeurs qui s’étaient récemment tournés vers le canal de Suez à revenir sur les routes transpacifiques entre l’Asie et l’Amérique du Nord, après les avoir abandonnées en partie à cause des goulets d’étranglement au canal de Panama. La sécheresse qui sévit en Amérique centrale a provoqué des ralentissements au niveau du passage, qui a besoin de grandes quantités d’eau pour faire monter et descendre les navires dans une douzaine d’écluses.

Doug MacDonald, chef du marketing du CN, a déclaré que même si les expéditions vers la côte est en provenance d’Asie pourraient être perturbées, la société s’attend à une intensification des opérations dans les ports de la côte ouest de Vancouver et de Prince Rupert.

« Nous commençons à entendre, avec les différents problèmes liés au canal de Panama et de Suez, que la côte ouest semble être une option plus viable à l’avenir. Nous n’avons pas encore vu ces volumes arriver, mais nous nous attendons à ce qu’ils augmentent progressivement », a-t-il déclaré aux analystes lors d’une conférence téléphonique.

« Nous voyons beaucoup d’intérêt pour essayer de combler cela », a-t-il ajouté à propos du port de Prince Rupert, où le CN récupère des conteneurs en provenance de Chine et décharge du propane, du charbon et des granules de bois pour l’exportation.

Plus tôt ce mois-ci, une vague de froid extrême dans les Prairies a nui aux opérations du CN. Le froid extrême réduit la longueur des trains – les trains transportant des porte-conteneurs ne peuvent pas dépasser 1370 mètres à des températures inférieures à -35 °C, contre une limite de 2440 mètres à -25 °C – et, par conséquent, les volumes de marchandises et l’efficacité.

Le début d’année glacial fait suite à un quatrième trimestre au cours duquel les revenus du CN ont légèrement diminué en raison de la baisse des expéditions de céréales et de conteneurs, même si l’entreprise a renforcé certaines parties de ses activités.

La société ferroviaire a déclaré des revenus de 4,47 milliards au cours du trimestre clos le 31 décembre, soit une baisse de 2 % par rapport aux 4,54 milliards de la même période un an plus tôt.

Les revenus ont en fait augmenté dans toutes les catégories, à l’exception des produits forestiers et des conteneurs – le segment le plus important du CN, qui a connu une baisse de 20 % d’une année sur l’autre. Les revenus du secteur automobile ont augmenté de 19 % alors que les difficultés de la chaîne d’approvisionnement dues à la pandémie de COVID-19 ont continué à s’atténuer.

La baisse globale des revenus marque une amélioration par rapport à un troisième trimestre difficile qui a vu les bénéfices chuter en raison de la baisse de la demande des consommateurs, des retombées de la grève des travailleurs portuaires de la Colombie-Britannique et d’une série d’incendies de forêt et d’inondations.

« Nous avons abordé le quatrième trimestre un peu aguerris après quelques trimestres difficiles l’année dernière, au cours desquels nous avons surmonté une récession du fret et un certain nombre de chocs externes », a déclaré la PDG Tracy Robinson.

Le CN s’attend à une croissance du bénéfice dilué par action d’environ 10 % cette année – dont la majeure partie se produira au cours du second semestre 2024 – et à des dépenses en immobilisations d’environ 3,5 milliards, a-t-elle déclaré.

L’analyste Chris Murray d’ATB Capital Markets a indiqué vendredi que « le redressement opérationnel du CN reste intact et les volumes de plusieurs types de fret semblent se renforcer à l’approche de 2024 », malgré la baisse des prix des céréales canadiennes et l’incertitude entourant les volumes de conteneurs.

L’entreprise montréalaise affirme que son bénéfice net a augmenté de 50 % pour atteindre 2,13 milliards au dernier trimestre, contre 1,42 milliard l’année précédente, grâce à l’amélioration de la vitesse des trains et des temps de séjour.

Sur une base ajustée, le bénéfice dilué a chuté de 4 % à 2,02 $ par action, contre 2,10 $ par action. Il a légèrement dépassé les attentes des analystes de 1,99 $ par action, selon la société de données sur les marchés financiers Refinitiv.

Le CN affirme que la baisse des frais d’entreposage des conteneurs et les revenus découlant du supplément carburant ont été en partie compensés par la hausse des tarifs marchandises et l’augmentation des expéditions de potasse, de gaz naturel liquide et de produits pétroliers raffinés.

Le ratio d’exploitation du CN – une mesure de l’efficacité du chemin de fer qui divise les dépenses d’exploitation par les ventes nettes – s’est détérioré de 1,4 point pour atteindre 59,3 %.

Le conseil d’administration du CN a approuvé une augmentation de 7 % de son dividende trimestriel en espèces pour 2024, en vigueur à compter du premier trimestre de 2024.

Entreprise dans cette dépêche : (TSX : CNR)