Le rejet par les agents de bord de Transat de l’entente de principe survenue entre leur employeur et leur syndicat a relancé la menace d’une grève, même si le syndicat n’a pas encore posé d’ultimatum à cet effet. Que faire si vous devez partir prochainement sur les ailes d’Air Transat ? Nous avons posé la question à deux spécialistes.

Mon vol est annulé à cause d’une grève, que dois-je faire ?

« Une grève est considérée comme quelque chose qui ne relève pas du contrôle du transporteur, comme une tempête de neige, une catastrophe naturelle ou une situation politique instable, explique Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère budgétaire chez Option consommateurs. Alors, dans ce genre de situation, on a droit essentiellement à un réacheminement. Et si la compagnie aérienne n’est pas en mesure de le faire dans un délai de 48 heures, les consommateurs pourraient demander un remboursement, mais il n’y a pas d’indemnité supplémentaire qui s’applique. »

Si le vol était retardé ou annulé à cause du transporteur, poursuit-elle, vous auriez droit à des bons de repas et à des nuitées payées, mais pas en cas de grève. Si ce n’est pas relié à un problème mécanique non prévu ou à tout autre problème en lien avec la sécurité du vol, vous aurez aussi des indemnisations qui peuvent varier de 125 $ à 1000 $.

Si je rate ma croisière ou si je suis déjà en voyage lorsque la grève est déclenchée, qui paye les nuits d’hôtel supplémentaires et la nourriture ?

C’est le voyageur, mais il y a des exceptions. « Dès qu’il y a un vol international ou un segment international, la Convention de Montréal s’applique », relate Jacob Charbonneau, cofondateur et PDG de volenretard.ca, qui vient en aide aux passagers aériens en faisant les démarches pour eux. « Là, il y a possibilité d’aller chercher des remboursements pour tout ce qui est repas, hébergement, transport terrestre et ce qu’on a dû débourser pour acheter un nouveau billet d’avion.

« Si on a perdu des portions terrestres, une croisière ou même des journées de travail à la suite de la grève, on a le Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages (FICAV), qui va couvrir le remboursement du vol et des dépenses pour ceux qui sont passés par une agence de voyages.

« Si on avait un vol vers l’Europe, la loi européenne s’applique et donne des indemnisations pour tout ce qui touche les grèves. Donc, ce serait couvert. Les cartes de crédit peuvent aussi couvrir certaines situations, notamment les grèves. »

Dois-je trouver un autre vol moi-même ?

« Si jamais le vol est annulé ou retardé, le transporteur a l’obligation de trouver des alternatives dans les 48 heures, rappelle Jacob Charbonneau.

« Le transporteur a toujours l’obligation de nous ramener à bon port, peu importe la circonstance, poursuit le spécialiste. Il se doit de trouver des alternatives. Des fois, ça peut prendre plus de temps. Des fois, le transporteur a l’obligation de racheter un billet d’avion sur une autre ligne aérienne. S’il n’y a plus de vol disponible, ça devient un autre problème. »

« Si le transporteur n’est pas en mesure d’offrir un vol dans les 48 heures, le voyageur peut demander un remboursement. Cependant, si on est coincé à l’étranger, on va devoir trouver soi-même d’autres transporteurs, précise Sylvie De Bellefeuille. On ne se cachera pas que ça va être un paquet de troubles pour bien des gens. On risque de se retrouver avec beaucoup de gens en même temps qui veulent trouver un vol de retour auprès d’autres transporteurs. Les billets de dernière minute coûtent plus cher que le forfait qu’on a acheté il y a six mois. »

S’il y a risque de grève, que devrais-je faire ? Changer la date si mon billet le permet ? Attendre et espérer qu’en cas de grève, le transporteur pourra trouver un vol ?

« Évidemment, on espère que ça se règle avant la grève, soutient Jacob Charbonneau. C’est ce qui est arrivé avec WestJet l’année passée, où l’on était un peu dans la même situation. Cela dit, il est possible qu’il y ait une grève, donc les gens qui sont flexibles peuvent décider de revenir avant la date qui serait annoncée pour une grève si leur classe de billet le permet. Il y a des classes de billets qui permettent des changements jusqu’à trois heures avant le départ avec des coûts ou sans avoir à débourser une somme supplémentaire. »

Si c’est moi qui annule le voyage et que j’ai un billet 100 % non remboursable, que se passe-t-il ?

Comme vous n’avez pas acheté une catégorie de billet qui permet d’annuler ou de reporter un voyage avec ou sans frais, vous avez besoin d’une assurance et de bonnes raisons. Souvent, les voyageurs sont assurés en triple sans le savoir. Vous avez peut-être acheté une assurance voyage auprès d’un fournisseur, en plus d’être assuré par votre employeur et d’avoir payé ledit billet d’avion avec une carte de crédit spéciale voyage qui offre cette protection. Quoi qu’il en soit, vous devez lire en détail ce que couvrent ces assurances. Il y a les raisons classiques comme une maladie soudaine, un accident et une mort dans la famille. Or, il y a aussi la fermeture de l’entreprise qui vous emploie depuis plus d’un an, la perte d’emploi (non saisonnier), un sinistre qui cause des dommages importants à votre résidence principale, la mort d’une personne dont vous êtes l’exécuteur testamentaire, le fait d’être appelé à comparaître comme témoin ou à faire partie d’un jury. Un risque de grève n’en fait pas partie.