Aboutissement d’une idée née en 2019, un « réseau québécois de communication quantique » baptisé Kirq sera mis en place à Montréal, Québec et Sherbrooke pour accélérer la recherche dans ce domaine prometteur.

Ce projet estimé à 13 millions, dont 6,5 millions proviennent de Québec et 3,6 millions d’Ottawa, sera déployé et exploité par l’organisme à but non lucratif Numana. L’annonce a été faite lundi en présence notamment du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et de sa collègue Soraya Martinez Ferrada, ministre fédérale du Tourisme et responsable de Développement économique Canada pour les régions du Québec.

Unique au Canada

Essentiellement, on mettra d’abord en place une infrastructure de fibre optique vouée à la recherche sur la communication quantique dans trois villes au Québec. À Montréal, par exemple, ce réseau reliera trois installations. Il sera rendu disponible aux entreprises, PME, start-up, centres de recherche ou établissements d’enseignement qui veulent expérimenter des méthodes de communications basées sur le quantique. Sherbrooke dispose déjà de son banc d’essai, dans la zone d’innovation DistriQ, tandis que ceux de Montréal et de Québec sont prévus début 2024. On prévoit que ces trois réseaux locaux, appelés « nœuds », seront éventuellement interconnectés.

Pourquoi une nouvelle infrastructure est-elle nécessaire ? « Le réseau de fibre optique actuel, qui relie par exemple Montréal et Québec, ne fonctionne pas pour le quantique », explique Benoit Simard, vice-président produit et solutions d’affaires chez Telus, un des fournisseurs pour ce réseau avec Bell et Ciena.

Ce banc d’essai a été présenté comme une initiative unique au Canada. Dans le monde, la Corée du Sud et la Chine ont déjà mis en place de tels réseaux, mais commerciaux et de bien plus grande ampleur avec des longueurs respectives de 800 et 2000 km.

Évolution « inévitable »

À terme, a expliqué en entrevue François Borelli, PDG de Numana, Kirq utilisera également les modes de communications satellites et 5G en plus de la fibre optique.

Kirq, résume-t-il, « se veut un banc d’essai pour l’ensemble des joueurs de l’écosystème ». Il convient que la recherche dans le domaine de l’informatique quantique en est encore à ses débuts, mais estime que le Québec n’a pas le choix d’être à l’avant-plan. « Une chose est certaine, c’est que ça va arriver. Il est temps qu’on bouge aujourd’hui. »

L’informatique quantique, qui promet des capacités de calcul infiniment supérieures aux ordinateurs actuels, risque de bouleverser un domaine particulièrement critique, celui de la cryptographie.

« L’infrastructure actuelle sera complètement brisée, c’est inévitable, estime Gilles Brassard, professeur à l’Université de Montréal et sommité mondiale de la cryptographie quantique. Le jour où l’ordinateur quantique sera réalité, tout ce qui a été chiffré pourra être sorti des boules à mites et déchiffré. »