Deux ans après la dissolution du syndicat des employés à la Banque Laurentienne, une organisation affiliée à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) entreprend des démarches auprès des employés de l’institution financière québécoise afin de prendre la « température de l’eau ».

Le SEPB-Québec s’informe pour voir s’il y a un intérêt chez les employés de la banque pour une resyndicalisation dans la foulée des récentes difficultés à la Laurentienne.

Des courriels ont été envoyés cette semaine à plusieurs centaines d’employés de la Banque Laurentienne par le SEPB-Québec et une page web a été créée pour appuyer la démarche syndicale.

« Beaucoup de changements s’opèrent actuellement dans votre institution au niveau de la direction et les récentes difficultés n’y sont pas étrangères », peut-on lire sur cette page web syndicale.

« Que ce soit au bureau de la technologie, dans des secteurs névralgiques au bon fonctionnement du service, au conseil d’administration et même, carrément, à la présidence, tous ces bouleversements entraîneront assurément des conséquences pour vous », est-il souligné.

Les employés de la banque peuvent aussi y lire que « la menace planante de la vente de la BLC n’a certainement pas de quoi vous rassurer et aura probablement un impact sur vos conditions de travail. Plusieurs d’entre vous ont travaillé le 2 octobre, et ce, malgré le jour férié habituel. Votre direction a aussi annoncé une prolongation soudaine des heures d’ouverture des succursales. Une nouvelle direction apporte immanquablement des changements », précise-t-on.

« Aussitôt arrivé en place, votre nouveau président déclinait un nouveau plan en trois volets, puis un objectif de rétention et d’accroissement de la clientèle, sans mentionner une seule fois les conséquences, positives ou négatives, pour les salariés et leurs conditions de travail. »

Le directeur exécutif SEPB-Québec indique à La Presse avoir déjà reçu des réponses « très largement positives » de la part d’employés de la banque. Citant des raisons stratégiques, Pierrick Choinière-Lapointe préfère toutefois ne pas chiffrer le nombre de réponses reçues.

« On trouve ça inquiétant, ce qui se passe à la Banque Laurentienne du point de vue des conditions de travail », dit Pierrick Choinière-Lapointe.

Un contrat de travail donne aux gens des garanties écrites légales. Dans le contexte actuel d’incertitude à la banque, il ne semble pas y en avoir beaucoup pour le moment.

Pierrick Choinière-Lapointe, directeur exécutif SEPB-Québec

Le fait que la banque a récemment insisté sur l’expérience-employé est un signe que même la haute direction estime que les employés sont extrêmement inquiets, selon Pierrick Choinière-Lapointe. « Et je les comprends », dit-il.

« On va regarder comment les choses se présentent et si on juge qu’il y a une volonté suffisante de reprendre la syndicalisation, il y aura une deuxième étape. »

Soulignant qu’aujourd’hui les cartes peuvent être signées en ligne, il précise qu’une campagne qui démarre peut cheminer très rapidement. Le dépôt d’une requête pour accréditer un syndicat à la banque pourrait déjà se faire d’ici deux semaines, selon lui.

Bouleversements

Au début du mois d’octobre, la banque a annoncé le départ de la PDG, Rania Llewellyn, et du président du conseil d’administration, Michael Mueller.

Trois autres départs à la direction ont eu lieu ces dernières semaines. Le chef des technologies, le chef des opérations et la responsable des services aux particuliers ont à leur tour quitté la banque.

Ces changements surviennent alors qu’une panne du système central s’est produite à la fin septembre. La banque avait annoncé deux semaines auparavant avoir conclu l’examen de ses options stratégiques en excluant une vente potentielle.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Provost a été nommé PDG de la Banque Laurentienne début octobre.

La direction de la banque assure que tous ses services sont maintenant opérationnels après la panne et annonce que pour « soutenir ses clients », les frais de service mensuels des mois de septembre et d’octobre seront remboursés.

Appelée à réagir aux approches faites par le SEPB-Québec aux employés de la banque, la direction de la Laurentienne n’a pas souhaité les commenter.

Un syndicat a été présent à la Laurentienne durant 54 ans, soit de 1967 à 2021. Au moment de la révocation de l’accréditation syndicale par le Conseil canadien des relations de travail, près de 600 employés de la Laurentienne étaient syndiqués.

En 2016, le syndicat comptait près de 2000 membres. Ce nombre avait par la suite considérablement diminué après des abolitions de postes. La Banque Laurentienne compte aujourd’hui près de 3000 employés en incluant ses dirigeants.

L’histoire jusqu’ici

1967 : un syndicat entre à la banque

2016 : première tentative de désyndicalisation

2018 : deux autres tentatives de désyndicalisation

2021 : dissolution du syndicat à la quatrième tentative de désyndicalisation