Olymel a annoncé mercredi la fermeture de son usine de Princeville, dans le Centre-du-Québec, une décision qui touche le gagne-pain de 301 travailleurs et qui illustre les problèmes « assez importants » de l’entreprise.

L’usine cessera ses activités le 10 novembre prochain, a annoncé le producteur de porcs et de volaille dans un communiqué, mercredi en fin de journée. Olymel a indiqué que certains employés pourraient être réaffectés au sein de l’entreprise.

« Ce qu’on constate, c’est qu’Olymel tente de garder la tête hors de l’eau », affirme Daniel-Mercier Gouin, qui rappelle que l’entreprise avait annoncé il y a quelques mois la fermeture de son usine de Vallée-Jonction, qui comptait près de 1000 employés. L’expert en agroéconomie estime toutefois que la décision de fermer l’usine de Princeville a été prise en partie parce qu’Olymel se savait capable de répondre à la demande avec ses autres usines.

C’est précisément ce qu’a laissé entendre le PDG Yanick Gervais. « Nous avons exploré diverses avenues pour l’usine de Princeville, mais nous avons constaté que ses opérations pouvaient être traitées dans nos trois usines d’abattage, de découpe et de désossage [à Saint-Esprit, Yamachiche et Ange-Gardien]. »

M. Gouin juge probable que la fermeture de l’usine de désossage et d’emballage de Princeville soit la « suite logique » de la fermeture de l’usine d’abattage de Vallée-Jonction. Chose certaine, toutefois, cette nouvelle fermeture s’inscrit dans une « restructuration » plus vaste qu’a entreprise Olymel.

Conjoncture difficile

« Ce n’est pas une bonne nouvelle, ça ne va pas bien », analyse Maurice Doyon, professeur titulaire au département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval.

« [Olymel] décide de toute évidence de réduire ses opérations », dit-il, à commencer par celles qui sont les moins intéressantes aux yeux de l’entreprise. M. Doyon estime par ailleurs qu’Olymel a développé son modèle d’affaires sur une demande « ponctuelle » plutôt que « fondamentale ». Ce faisant, il ne s’étonne pas de l’annonce d’une nouvelle fermeture.

« Est-ce que je m’attendais à ce que ça ferme ? Non. Mais est-ce que je suis sous le choc ? Non plus », laisse-t-il tomber. C’est qu’Olymel a procédé à d’importantes acquisitions au moment où la Chine, premier producteur (et consommateur) mondial, voyait sa population de porcs décimée par la grippe porcine, réduisant l’offre et faisant gonfler les prix.

Olymel est dans une situation de croissance trop rapide et mal contrôlée à prix trop élevé.

Daniel-Mercier Gouin, expert en agroéconomie

Pis encore, la pénurie de main-d’œuvre de même que la pandémie de COVID-19 – qui a forcé Olymel à repenser la configuration de ses usines – se sont abattues comme autant de tuiles sur l’entreprise. « Les mauvais coups du sort s’accumulent les uns après les autres. À un certain moment, c’est juste trop », croit M. Doyon, de l’Université Laval.

Cette conjoncture difficile touche l’ensemble de l’industrie porcine, mais c’est Olymel qui, en raison de sa position d’acteur dominant, en pâtit le plus, affirme-t-il.

D’autres fermetures annoncées

Olymel a également devancé la fermeture de son usine de Saint-Simon, en Montérégie, au 26 janvier, soit un an plus tôt que prévu. La décision touche 15 employés.

La fermeture d’une usine en Ontario aura également des retombées au Québec, selon l’employeur.

Un avis de fermeture a été remis à 93 employés de l’usine de volaille de Paris, en Ontario. Olymel souhaite regrouper ses activités avec celles d’Oakville, toujours en Ontario. Cela représente un investissement de 8 millions et amènera la « création » de 62 emplois.

La réorganisation aura des effets sur l’usine de surtransformation de volaille de Sainte-Rosalie, dans la région de Saint-Hyacinthe. La récupération de l’équipement de l’usine de Paris permettra d’augmenter la capacité de production de l’usine québécoise.

Avec La Presse Canadienne