(Genève) Le chef des droits de l’homme de l’ONU a fustigé mercredi une « campagne d’attaques en ligne » menée par Elon Musk sur son réseau social X contre un important groupe américain de lutte contre l’antisémitisme et le racisme.

Sans nommer M. Musk ni X, mais ne laissant aucun doute sur la cible de ses critiques, Volker Türk, a exigé que les réseaux sociaux « fassent bien plus pour arrêter la circulation des discours de haine et de la désinformation ».  

« Ceux qui n’agissent pas doivent être tenus pour responsables », a lancé M. Türk.  

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, qui s’exprimait lors d’une manifestation consacrée à la lutte contre l’antisémitisme, a déploré en particulier « la campagne d’attaques en ligne d’un réseau social contre l’Anti-Defamation League ».

C’est une allusion transparente à une série de récents messages d’Elon Musk sur son réseau social où il s’en prenait violemment à l’ADL l’accusant d’avoir fomenté la chute vertigineuse des revenus publicitaires de X en effrayant les annonceurs.

« Cette “controverse” fait que les annonceurs font une “pause”, mais cette pause est permanente jusqu’à ce que l’ADL donne le feu vert, ce qu’elle ne fera pas sans que l’on accepte de suspendre secrètement ou de bannir tout compte qu’ils n’aiment pas », avait écrit M. Musk.

Il a aussi menacé de poursuivre l’organisation en justice pour des milliards de dollars.  

L’ADL accuse depuis des années le réseau social d’amplifier les discours de haine antisémite.

Depuis qu’il a racheté le réseau pour 44 milliards de dollars, Elon Musk a notamment décidé une amnistie pour de nombreux comptes auparavant bannis à cause d’infractions répétées aux règles contre la désinformation ou le harcèlement.

Des dizaines de milliers d’utilisateurs sont ainsi revenus, notamment des complotistes d’extrême droite ou anti-vaccins. Selon plusieurs ONG, le nombre d’insultes homophobes et racistes est remonté en flèche.

Plus largement, Volker Türk a déploré que « les nouvelles technologies et les médias en ligne signifient que les caricatures racistes et les théories du complot peuvent désormais circuler plus vite et sans se soucier des distances, ce qui en fait une grave menace pour notre tissu social. » « Les réseaux sociaux ont joué un rôle terrible dans la métastase de la haine en la faisant sortir de poches isolées pour la propulser au grand jour », a-t-il déclaré.  

Pour le Haut-Commissaire, les réseaux sociaux doivent être plus transparents et efficaces en matière de lutte contre les discours de haine en ligne, notamment en en facilitant le signalement et en accélérant la suppression de ces messages.

Il a aussi souligné que de gros efforts restent à faire pour lutter contre les discours de haine dans des langues autres que l’anglais.