(Québec) Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a accordé près de 1000 mégawatts (MW) d’électricité à 11 projets d’entreprises grâce à un nouveau pouvoir qu’il s’est attribué. Il a écarté 10 autres projets.

Par voie de communiqué, il a annoncé jeudi la sélection des premiers projets d’entreprises nécessitant un raccordement d’une puissance de 5 MW et plus en vertu d’une loi adoptée en février.

Au 31 mars, 21 entreprises ont présenté un projet sous les nouvelles règles et ont fait des demandes d’alimentation auprès d’Hydro-Québec équivalant à un total de 2671 MW. Le ministre a accepté 11 projets représentant 956 MW. Il a rejeté les autres.

Les entreprises dont le projet a reçu le feu vert du ministre ne sont pas nommées pour le moment. La liste sera diffusée « au cours des prochaines semaines ».

« Hydro-Québec communiquera promptement avec les représentants des projets retenus afin de convenir des paramètres précis du raccordement au réseau », précise-t-on.

Le ministre signale que « l’analyse des projets dont le formulaire a été dûment rempli et soumis après le 31 mars 2023 se poursuit ».

« Il est maintenant impératif d’utiliser stratégiquement notre énergie propre si nous voulons réussir notre transition énergétique, décarboner notre économie et créer de la richesse, soutient-il dans une déclaration écrite. Pour la première fois, notre gouvernement a sélectionné les projets de 5 MW et plus qui seront desservis par Hydro-Québec. Les projets ont été choisis en tenant compte des retombées économiques ainsi que des impacts sociaux et environnementaux, et sont conformes à notre ambition pour un Québec plus vert et plus prospère. »

En février dernier, Pierre Fitzgibbon a fait adopter par l’Assemblée nationale la loi « visant notamment à plafonner le taux d’indexation des prix des tarifs domestiques de distribution d’Hydro-Québec à 3 % et à accroître l’encadrement de l’obligation de distribuer l’électricité ».

Cette loi fait notamment en sorte qu’Hydro-Québec n’est plus obligée d’accepter toutes les demandes d’alimentation soumises par les entreprises et inférieures à 50 mégawatts. Il est désormais possible de refuser des demandes de 5 MW ou plus.

En vertu de la loi, c’est le ministre qui a le pouvoir de choisir les projets d’entreprises qui bénéficieront des mégawatts et ceux qui n’en obtiendront pas. Le texte législatif précise en effet qu’Hydro-Québec doit désormais « obtenir l’autorisation du ministre pour distribuer de l’électricité » aux entreprises.

Toujours selon la loi, « avant de délivrer une autorisation de distribution, le ministre tient notamment compte des capacités techniques [d’Hydro-Québec] pour le raccordement ainsi que des retombées économiques et des impacts sociaux et environnementaux de l’utilisation de l’électricité demandée ».

En commission parlementaire, Pierre Fitzgibbon disait avoir l’intention d’être « parcimonieux dans l’octroi des mégawatts » et de « choisir judicieusement les projets qui en bénéficieront ». Il prévenait qu’au plus la moitié des nombreuses demandes d’alimentation faites par des entreprises à Hydro-Québec obtiendraient son feu vert. Ces demandes totalisaient alors 23 000 MW – l’équivalent de 13 complexes hydroélectriques comme La Romaine. « On va finir probablement à 8000-10 000 MW de projets industriels qui devraient être faits » pour permettre au Québec « d’atteindre ses cibles de réduction de GES tout en créant de la richesse au cours des prochaines années », précisait-il.

Hydro-Québec réclamait les changements apportés dans la loi parce qu’elle est submergée de demandes d’alimentation et ne peut se permettre d’accepter toutes celles de 50 MW ou moins.

En mai, Pierre Fitzgibbon avait signalé qu’il restait à peine 1000 MW pour des projets d’entreprises. Il suggérait de retarder certains projets, le temps d’avoir plus de puissance dans le réseau. C’est dire à quel point, dans le milieu des affaires, on attendait avec impatience les choix du ministre quant à l’attribution de l’énergie tant convoitée.

Le portrait énergétique a changé rapidement. L’ère des surplus tire à sa fin, et le Québec manque d’électricité pour l’avenir. Le gouvernement a besoin d’au moins 100 TWh additionnels d’énergie pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. C’est 50 % de la production actuelle d’Hydro-Québec.