Québec et l’Ontario font pression sur le gouvernement Trudeau en l’exhortant à mettre en place un appel d’offres pour remplacer ses avions de patrouille maritime vieillissants. Les deux provinces estiment que Bombardier, bien implantée chez elles, devrait avoir le droit de rivaliser avec Boeing.

Dans le cadre du Conseil de la fédération, qui se déroule à Winnipeg, au Manitoba, le premier ministre François Legault a mis ses cartes sur la table. Avec son homologue ontarien Doug Ford, il souhaite que ce dossier soit à l’ordre du jour de l’évènement réunissant les premiers ministres des provinces et des territoires.

« On ne voit pas pourquoi, étant donné les milliers d’emplois et les retombées (économiques) que le gouvernement fédéral ne laisserait pas Bombardier soumissionner sur le contrat », a dit M. Legault, lundi, en mêlée de presse.

Le remplacement des 14 Aurora CP-140 vieillissants de l’Aviation royale canadienne (ARC) – un contrat dont la valeur globale pourrait atteindre 9 milliards – est devenu un dossier politique.

Bombardier demande une chance de proposer une version modifiée de son jet privé Global 6500, mais le ministère de la Défense n’est pas chaud à les acheter. Le Poseidon P-8A de Boeing, un avion qui s’apparente à la famille d’avions 737 et qui peut lancer des torpilles, a été identifié comme l’unique appareil pouvant répondre aux exigences canadiennes.

Depuis plusieurs mois, le constructeur de jets privés, qui est aussi à la chasse aux contrats militaires, fait des pieds et des mains pour convaincre Ottawa à changer son fusil d’épaule. Il s’est associé à General Dynamics pour équiper la version modifiée du Global 6500 des capteurs et systèmes conçu par ce géant américain de la défense. Les deux partenaires assurent que l’appareil sera prêt pour 2030, année où les CP-140 vont commencer à être mis au rancart.

« Il semble que le gouvernement fédéral pense à donner le contrat à Boeing sans appel d’offres alors que Bombardier peut offrir le Global 6500 ajusté, en quelques années seulement, pour être capable d’offrir un avion au moins aussi bon que celui de Boeing, a dit M. Legault. Quand on regarde la planification du fédéral, il y a quelques années de disponibles. »

Selon des informations diffusées le 27 juin dernier par une agence du département américain de la défense, le prix de 16 P-8A Poseidon que Boeing vise à vendre au Canada s’élève à 5,9 milliards US. Même si cela semble jouer en faveur de l’avionneur américain, le gouvernement Trudeau répète que ces détails ne signifient pas qu’un contrat d’achat a été conclu et que son analyse des options se poursuit.

Bombardier assure pouvoir proposer un prix « concurrentiel » à celui de son rival. Impossible, cependant, d’avoir plus de détails pour le moment. La multinationale québécoise fait valoir que c’est par l’entremise d’un appel d’offres qu’elle serait en mesure d’offrir plus de détails.

« Il faudrait qu’il y ait des exigences précises », a souligné le vice-président des affaires publiques de l’avionneur, Pierre Pyun, dans le cadre d’une présentation qui avec les journalistes, la semaine dernière.

Dans le cadre de son offensive, Bombardier a commandé une étude au cabinet PwC afin d’évaluer les retombées économiques au pays si elle parvient à décrocher le contrat du remplacement des CP-140. Ainsi, cela permettrait d’ajouter 2,8 milliards au produit intérieur brut en plus de soutenir 22 650 emplois et générer 800 millions en recettes fiscales sur la durée du programme.

Boeing s’était également prêtée à l’exercice en diffusant, à la fin mai, une étude réalisée par la firme Doyletech. Le géant américain soutiendrait annuellement plus de 2900 emplois en plus de soutenir 358 millions en production au pays si Ottawa opte pour le Poseidon.

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  • 500
    Nombre de jets privés construits par Bombardier modifiés pour des usages militaires ou spéciaux (surveillance, rescousse, transport gouvernemental)
    SOURCE : bombardier