La concurrence devrait grimper d’un cran dans le voyage d’agrément – un créneau prisé par Transat A. T. – avec l’achat de Sunwing et Vacances Sunwing par WestJet. Pour les voyageurs québécois, cette transaction ne devrait pas faire trop de vagues.

En énumérant neuf conditions, le gouvernement Trudeau a donné son feu vert à l’achat du voyagiste torontois par le deuxième transporteur aérien au pays, vendredi après-midi. Au Québec, WestJet devra notamment maintenir les activités au siège social régional de Sunwing, situé à Laval, pour au moins cinq ans.

Cette décision d’Ottawa survient malgré l’avis défavorable du Bureau de la concurrence diffusé en octobre dernier. L’organisme craignait une augmentation des prix, une perte de choix ainsi que des baisses de services dans des marchés – Calgary, Edmonton, Kelowna, Vancouver – situés à l’extérieur du Québec.

« La décision d’aujourd’hui n’a pas été prise à la légère, compte tenu surtout de tout ce qui est survenu lors des Fêtes de fin d’année pour les personnes qui ont voyagé avec Sunwing, a souligné le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, dans un communiqué. Après avoir pesé le pour et le contre, nous avons pris une décision qui permettra à Sunwing de continuer à proposer des forfaits de vacances abordables à la population canadienne. »

En prenant Sunwing sous son aile, WestJet bonifie considérablement son exposition dans le secteur du voyage d’agrément, prisé par Transat A. T. et dans lequel Vacances Air Canada est présent.

Rival plus solide

Pour le voyagiste québécois, qui s’est recentré dans l’est du Canada, la principale menace consiste à voir un rival – Sunwing – passer dans le giron d’une compagnie aux reins solides. WestJet est la propriété de la firme d’investissement torontoise Onex.

« Sunwing n’est pas une compagnie aérienne traditionnelle, souligne Mehran Ebrahimi, professeur à l’UQAM et directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile. Combinée à une compagnie aérienne comme WestJet, elle risque d’aller chercher des gains d’efficacité et de mieux rivaliser avec des concurrents comme Transat. »

La transaction, dont le montant n’a pas été dévoilé, prévoit la mise sur pied d’une voyagiste chez WestJet. Elle chapeautera Vacances Sunwing et Vacances WestJet et sera dirigée par le chef de la direction de Sunwing, Stephen Hunter. Établie à Calgary, WestJet compte environ 8500 employés et exploite 180 avions. L’effectif de Sunwing, dont le siège social se trouve à Toronto, est estimé à 2400 salariés. Avec un peu plus de 560 employés au Québec.

Président de la société de conseil Air Trav, Robert Kokonis estime également que Sunwing aura plus de moyens à sa disposition en passant dans le giron du transporteur albertain.

« C’est cependant surtout dans l’ouest du pays qu’il y aura des changements dans le paysage concurrentiel. »

Ottawa à contre-courant

MM. Ebrahimi et Kokonis estiment cependant que la décision du gouvernement Trudeau va à contre-courant de ce que l’on observe aux États-Unis, où l’administration Biden semble opposée à la concentration dans le secteur aérien.

Plus tôt cette semaine, Washington a déposé une plainte pour s’opposer à une transaction de 3,8 milliards US qui devait permettre à JetBlue d’acheter Spirit Airlines. Au sud de la frontière, JetBlue est déjà poursuivie depuis 2021 par les autorités américaines de la concurrence pour son partenariat avec American Airlines dans les marchés de New York et de Boston.

« Le Bureau de la concurrence était contre l’achat de Sunwing et Vacances Sunwing, mais on dirait que le gouvernement fédéral est favorable à ces transactions, dit M. Kokonis. Souvenons-nous aussi que ce n’était pas Ottawa qui avait fait avorter l’acquisition de Transat par Air Canada, mais les autorités européennes. »

Il n’y a pas que le Bureau de la concurrence qui s’est inquiété des effets de l’achat de Sunwing par WestJet. Aéroports de Montréal (ADM) – l’exploitant de Montréal-Trudeau – avait interpellé Transports Canada dans le cadre de ses consultations en s’inquiétant de potentielles pertes de vols directs au profit de Toronto.

Les conditions imposées à WestJet

  • Offrir des forfaits de Sunwing dans cinq autres villes
  • Maintenir la capacité sur les liaisons plus touchées par la fusion
  • Accroître la connectivité entre les régions
  • Améliorer la manutention des bagages
  • Maintenir le siège social de Toronto et le siège social régional de Laval
  • Augmenter de 20 % les emplois nets au bureau de Toronto en trois ans
  • Investir dans les TI pour améliorer les communications de Sunwing
  • Fournir des données sur les tarifs aériens des forfaits de vacances
  • Mettre fin à la pratique de location saisonnière d’avions chez Sunwing
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  • 2 mars 2022
    Date à laquelle avait été annoncé l’accord entre WestJet et Sunwing.
    Source : WestJet