(Toronto) Les bénéfices du Groupe Banque TD ont chuté au premier trimestre, suivant ce qui s’est avéré être une tendance parmi les grandes banques au cours du trimestre, car elles ont mis de côté plus d’argent pour des conditions économiques potentiellement plus difficiles à venir.

Les 690 millions de provisions pour pertes sur créances de la banque, contre 72 millions un an plus tôt, surviennent alors que les taux d’intérêt élevés suscitent des inquiétudes quant à la pression sur les emprunteurs et au risque d’augmentation des défauts de paiement.

Tout de même, les provisions reviennent jusqu’à présent à des niveaux moyens plutôt que d’illustrer une forte détérioration de la qualité du crédit, a déclaré le chef de la direction de TD, Bharat Masrani.

« Comme prévu, nous avons assisté à une certaine normalisation du crédit ce trimestre, mais la performance du crédit est restée globalement solide », a-t-il déclaré lors d’une conférence téléphonique sur les résultats trimestriels, jeudi.

Parallèlement à l’augmentation des provisions pour pertes sur créances, les profits de la TD et d’autres banques ont également été touchés par la hausse des dépenses alors que les pressions inflationnistes s’installaient. Les bénéfices des banques ont aussi été affectés par l’entrée en vigueur de nouvelles taxes, et par d’importants règlements de poursuites dans le cas de la TD et de la CIBC.

« Il y a eu un peu de bruit », a dit Robert Colangelo, responsable du crédit chez Moody’s, parlant des résultats bancaires en général au cours du trimestre. « En tenant compte de ceux-ci, les résultats étaient en fait assez solides. »

La TD, par exemple, a déclaré un bénéfice de 1,58 milliard au premier trimestre, en baisse par rapport à 3,73 milliards un an plus tôt, car la banque a eu plusieurs charges non récurrentes, y compris le coût du règlement d’une poursuite liée au stratagème de Ponzi du Stanford Financial Group.

En excluant ces charges ponctuelles, son bénéfice s’est élevé à 4,16 milliards, soit une augmentation de 8 % par rapport à la période correspondante de l’exercice précédent. Les revenus ont totalisé 12,23 milliards, en hausse par rapport à 11,28 milliards un an plus tôt.

Et si les provisions pour pertes sur créances ont grimpé en flèche, elles l’étaient par rapport à un trimestre où les banques étaient encore en train de dénouer une constitution antérieure de provisions, ce qui fait que le contraste avec ce dernier trimestre semble plus important.

Les provisions, bien que supérieures aux prévisions de certains analystes, ont été inférieures aux attentes de M. Colangelo compte tenu des perspectives économiques.

« Alors que nous pensons que les perspectives macro-économiques s’affaiblissent, le chômage reste relativement bas à 5 %, et je crois donc que certaines des entrées dans leurs modèles ne génèrent pas vraiment les provisions auxquelles nous nous attendions », a-t-il déclaré.

Les dépenses de la TD ont augmenté de 10 %, les salaires et les investissements dans la technologie ayant particulièrement pesé, tandis que d’autres banques ont signalé des augmentations de dépenses comprises entre 5 % et le niveau de 17 % rapporté par la Banque Royale que le chef de la direction, Dave McKay, a promis de contenir.

Les bénéfices de la TD ont également été touchés par sa charge de 1,6 milliard liée au stratagème à la Ponzi de Stanford Financial Group, qui fait suite à d’importants règlements de poursuites de la CIBC ce trimestre et de BMO le trimestre dernier.

La banque a déclaré lundi qu’elle paierait pour régler une poursuite pour son rôle présumé dans le stratagème de Ponzi, l’un des plus importants jamais orchestrés. En acceptant le règlement, la TD a nié toute responsabilité ou tout acte répréhensible, affirmant qu’elle avait choisi de régler l’affaire pour éviter la distraction d’une longue procédure judiciaire.

La TD a également enregistré une perte au cours du trimestre liée à son accord d’achat de la banque américaine First Horizon Corp., dont l’avenir est devenu moins clair après que la TD a confirmé jeudi qu’elle ne s’attend pas à obtenir l’approbation réglementaire de l’accord d’ici l’échéance déjà prolongée du 27 mai.

M. Masrani en a dit très peu lors de la conférence téléphonique sur un nouvel échéancier, ou sur le fait que le processus réglementaire ralentissait une approbation potentielle, affirmant qu’ils étaient en pourparlers avec First Horizon pour prolonger la fenêtre de la date de clôture.

« Je ne peux pas spéculer sur la date à laquelle nous recevrons l’approbation. Je peux vous dire que nous sommes pleinement engagés dans la transaction », a-t-il déclaré.

La TD a conclu son accord avec la banque d’investissement américaine Cowen mercredi.

En excluant les nombreux éléments non récurrents, le bénéfice de la banque s’est élevé à 2,23 $ par action diluée, comparativement à un bénéfice ajusté de 2,08 $ par action diluée au premier trimestre de l’année dernière.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice de 2,20 $ par action, selon les estimations compilées par la société de données sur les marchés financiers Refinitiv.

Les résultats de la TD ont dépassé les attentes malgré des provisions pour pertes sur créances plus élevées que prévu, aidés par « une expansion très impressionnante des marges », a déclaré Meny Grauman, analyste à la Banque Scotia, même si le rythme de croissance ralentit.

« Les marges semblent meilleures ici que chez la plupart des pairs, mais l’expansion ralentit, a-t-il déclaré dans une note jeudi. Nous voyons un avantage limité pour les actions TD ce matin [jeudi] alors que les investisseurs digèrent ce que la fin prochaine du cycle d’expansion des marges signifiera pour la banque [et le groupe]. »