Cinq ans après sa fondation et après avoir patiemment peaufiné sa technologie de modélisation 3D dans des centaines d’usines, la firme montréalaise Prevu3D est prête à attaquer le marché.

Elle sera aidée par un financement de 10 millions US, qui sera annoncé ce mardi, mené par Cycle Capital et qui inclut des investisseurs déjà présents, Brightspark Ventures et Desjardins Capital.

« On a investi pendant quatre ans pour bâtir une belle fondation technologique qui nous donne une bonne longueur d’avance, explique Nicolas Morency, ingénieur en mécanique, PDG et fondateur de Prevu3D. Maintenant, il s’agit d’aller sur le marché avec une solution accessible. »

La technologie de Prevu3D permet de numériser en 3D les espaces et appareils d’un plancher d’usine et d’y faire des ajustements à l’écran, de combiner de nouveaux éléments ou de les déplacer, comme on le ferait dans un jeu vidéo en créant un « jumeau numérique ». C’est d’ailleurs un moteur de jeu vidéo, Unity, qui sert de fondation logicielle. Chaque élément se voit attribuer des informations techniques, et tout est regroupé dans un service infonuagique. Le résultat est si simple à manipuler que pratiquement tous les corps de métier dans une usine peuvent se l’approprier.

« Au lieu qu’on ait trois ou quatre personnes qui se servent des données, des centaines vont pouvoir collaborer, se réjouit le PDG. Comme c’est ludique, on n’a pas à renvoyer tout le monde sur les bancs d’école. »

S’adapter et automatiser

La modélisation 3D est fournie sous la forme d’un fichier exécutable qui exige peu de ressources informatiques ; il peut donc être installé et utilisé sur des ordinateurs courants sans devoir recourir à des logiciels spécialisés.

Prevu3D a connu une bonne année 2022 avec l’acquisition d’une cinquantaine de clients, essentiellement dans les secteurs de l’agroalimentaire et de l’énergie, qui payent une licence selon le nombre et l’importance des installations, ce qui assure des revenus réguliers. L’équipe réunie au siège social du quartier Saint-Henri à Montréal compte maintenant une trentaine d’employés. Signe des ambitions de l’entreprise, « cette année, c’est l’équipe des ventes et marketing qui a été mise en place, cinq personnes pour commencer le démarchage », explique M. Morency.

Les usines changent-elles si souvent de configuration qu’il faille un service comme celui de Prevu3D pour les gérer ? « Oui, à 100 %, répond-il. Il faut qu’elles adaptent leurs installations et qu’elles les entretiennent adéquatement. Il faut renouveler les équipements, être plus ergonomiques et introduire plus d’automatisation. »

Il s’agit de la deuxième ronde de financement d’importance de Prevu3D, après celle de juin 2020 qui a permis de récolter 2,5 millions. Tout comme la plus récente, M. Morency se dit heureux d’avoir bouclé ces opérations malgré le contexte. « On a levé en début de pandémie, on a été chanceux […] Maintenant, dans le contexte économique actuel, je suis pas mal content de passer cette barre. »