Investissement Québec va renflouer les coffres de Marché Goodfood en investissant 10 millions dans le spécialiste des mets prêts à préparer.

L’intervention du bras financier du gouvernement du Québec survient à un moment où les finances de la société montréalaise sont sous pression avant l’atteinte de la rentabilité que la direction anticipe imminente.

Les titres de dette acquis par Investissement Québec auront un taux d’intérêt annuel de 12,5 %, ont annoncé l’entreprise et l’institution lundi.

Un groupe d’investisseurs comprenant des dirigeants, des administrateurs et des actionnaires fournira un capital supplémentaire de 2,675 millions dans les mêmes titres de dette.

L’injection de capitaux vient « renforcer » le bilan de la société, estime le chef de la direction de Goodfood, Jonathan Ferrari. « Avec les capitaux mobilisés, nous continuerons de franchir les dernières étapes de notre plan de croissance rentable », commente le dirigeant dans un communiqué.

Les conditions du prêt donnent un certain répit à l’entreprise, car elle n’aura pas à faire de versement d’intérêt avant février 2025. Les intérêts seront capitalisés. Ils seront donc ajoutés au solde du prêt. Par la suite, ils seront convertibles en actions, selon la volonté d’Investissement Québec tout au long du terme, ou bien payables à l’échéance de cinq ans.

En janvier, M. Ferrari avait réitéré son objectif de générer un bénéfice ajusté avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) au cours du trimestre en cours. Il n’avait pas donné d’échéancier précis pour le moment où Goodfood pourrait générer des liquidités excédentaires, mais cela devrait survenir peu de temps après l’atteinte d’un BAIIA positif, selon lui.

Avant l’annonce, l’analyste Frédéric Tremblay, de Desjardins Marché des capitaux, croyait que Goodfood aurait besoin de nouveaux fonds avant de parvenir à se financer à même les liquidités générées par ses activités. « Je crois qu’il serait prudent de considérer une injection d’argent en 2023 pour que l’entreprise soit en meilleure posture pour financer sa croissance dans l’industrie des repas prêts à préparer, un marché supérieur à 1 milliard. »

Avec la montée des taux d’intérêt, plusieurs entreprises technologiques ont été contraintes de réviser leur stratégie tandis que les créanciers et les actionnaires sont devenus moins patients avec les entreprises en croissance qui ne sont pas encore rentables.

« Ça a changé la façon dont nous pensions aux échéanciers de nos investissements, confiait M. Ferrari en janvier. Plutôt que de faire des investissements qui allaient être rentables dans cinq ans, nous visons maintenant six ou douze mois, maximum. »

Dans ce contexte, Goodfood a annoncé en octobre dernier qu’elle abandonnait ses intentions de percer le marché de l’épicerie en ligne pour se concentrer sur les plans de repas hebdomadaires où elle croit qu’elle peut atteindre une croissance rentable plus rapidement.

Les investisseurs ont bien accueilli l’annonce de financement. L’action a gagné 5 cents, ou 9,4 %, à 58 cents à la fin de la séance de la Bourse de Toronto.