(San Francisco) Snapchat continue de gagner des utilisateurs et de perdre de l’argent, d’après ses résultats trimestriels publiés mardi, qui augurent mal de ceux des géants du secteur comme Meta (Facebook, Instagram).

Le réseau social qui parie depuis longtemps sur la réalité augmentée compte désormais 375 millions d’utilisateurs quotidiens, soit 17 % de plus que fin 2021.

Snap, la maison-mère, s’est aussi félicitée dans un communiqué de ses progrès en termes d’engagement (le temps passé sur la plateforme et les interactions entre utilisateurs).

Mais son chiffre d’affaires a stagné à 1,3 milliard de dollars pour le quatrième trimestre 2022 et elle a enregistré des pertes nettes de 288 millions de dollars (au lieu d’un bénéfice net de 23 millions, il y a un an)

Sur l’année, ses revenus n’ont augmenté que de 12 %, soit la plus faible croissance annuelle de l’entreprise californienne depuis son entrée en bourse il y a presque six ans. Et ses pertes nettes ont triplé à 1,43 milliard de dollars.

Surtout, le patron Evan Spiegel a prévenu que son groupe continuait de faire face à des « vents contraires significatifs » du côté de la croissance.

Il a indiqué lors de la conférence téléphonique aux analystes avoir entrepris de « revoir de fond en comble l’architecture de l’interface de vente de publicités ».

À Wall Street, la maison-mère Snap perdait environ 14 % lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse.

« Croissance beaucoup plus modeste »

Ces résultats « sont un signe avant-coureur » pour l’industrie, a réagi Jasmine Enberg d’Insider Intelligence. « Ils montrent que le marché de la publicité sur les réseaux sociaux est dans un état perturbant ».

Fin août, Snap avait annoncé la suppression d’environ 20 % des effectifs, soit plus de 1200 employés.  

Depuis, la plupart des grandes entreprises technologiques ont mis en place des plans sociaux. Il y a dix jours, Alphabet, la maison-mère de Google, a remercié environ 12 000 personnes dans le monde, soit un peu plus de 6 % de ses effectifs totaux.

Les grandes plateformes pâtissent des restrictions budgétaires des annonceurs face à l’inflation, et des changements réglementaires d’Apple, qui réduisent la marge de manœuvre des éditeurs en termes de récolte des données personnelles à des fins de ciblage publicitaire.

« Les investisseurs vont devoir se préparer […] à une croissance beaucoup plus modeste » dans ce secteur, a ajouté l’analyste.

Le cas de Snapchat est particulier, car l’appli a bâti son succès auprès des jeunes générations sur les effets de réalité augmentée, mais les annonceurs « ne comprennent pas » cette technologie, souligne-t-elle.

Quand les budgets sont contraints par la mauvaise conjoncture économique, les marques ont tendance à revoir à la baisse leurs dépenses considérées comme « expérimentales ».

Mais les plateformes perçues comme des valeurs sûres – Google, Facebook, Instagram – ne sont plus à l’abri.

Alphabet a réalisé l’été dernier la plus faible croissance de son chiffre d’affaires depuis 2013, hormis le début de la pandémie de COVID-19.

Et Meta a vu ses bénéfices trimestriels divisés par deux à 4,4 milliards de dollars.

Les deux voisins de la Silicon Valley publient leurs résultats pour le quatrième trimestre mercredi et jeudi.