Le magasin Archambault situé à l’angle des rues Berri et Sainte-Catherine fermera ses portes en juin.

La nouvelle a été annoncée aux employés vendredi matin.

Le Groupe Archambault soutient ne plus pouvoir ignorer la « détérioration croissante » des perspectives commerciales aux alentours de la place Émilie-Gamelin et la direction soutient que cela rend « impossible » le renouvellement du bail qui venait à échéance.

« L’évolution du tissu urbain dans le secteur, conjuguée à l’évolution des habitudes des consommateurs, ne permet plus de rentabiliser l’exploitation, en dépit d’investissements réalisés au cours des dernières années », explique la porte-parole de l’entreprise, Floriane Claveau, dans une communication électronique.

La « transformation » du secteur de la place Émilie-Gamelin est invoquée comme principale source de détérioration du potentiel commercial du magasin de la rue Berri.

La direction précise que les chantiers de construction ont des impacts « majeurs » qui doivent être pris en compte pour évaluer l’avenir d’un commerce de détail ayant pignon sur rue.

Avec les années, précise la porte-parole d’Archambault, le secteur est devenu un « laboratoire de mixité urbaine », et n’est plus en mesure de générer un achalandage suffisant.

La réaffectation de l’hôtel de la Place Dupuis pendant la pandémie, l’ancienne gare d’autocars qui demeure vacante, la nouvelle gare d’autocars et la station Berri-UQAM qui constituent des pôles de migration urbaine, la désaffectation du Quartier latin, la démolition de l’ancien hôpital Saint-Luc et la construction du nouveau CHUM, le réaménagement immobilier du quadrilatère adjacent en gratte-ciel, la rue Sainte-Catherine Est devenue piétonnière l’été, les développements importants sur la place des Festivals, le télétravail et les télé-études à l’UQAM et dans le centre-ville en général qui réduisent l’achalandage, la réduction des espaces de stationnement ainsi que les travaux à venir sur la place Émilie-Gamelin et aux alentours sont autant d’éléments pouvant être inclus dans la définition de « mixité urbaine ».

Consciente de la valeur patrimoniale de l’enseigne lumineuse géante du magasin, la direction ne demandera pas son retrait après la fermeture en juin. La décision appartiendra vraisemblablement à Québecor, propriétaire de l’édifice. Le retrait de l’enseigne en 2018 avait soulevé des protestations ayant conduit à sa réinstallation rapide.

34 emplois touchés

Le magasin de la rue Berri compte 34 employés, pour l’essentiel syndiqués. Ils pourront, nous dit-on, postuler afin d’être réaffectés à des postes et des endroits qui les intéressent.

Dominic Béland, président de la section SEPB 574 affiliée à la FTQ et lui-même employé de longue date du magasin, se dit d’abord inquiet pour les gens touchés par la décision, mais pense aussi à l’autre volet concerné par l’annonce.

C’est un pan de la culture québécoise qui s’en va. C’est énorme. 1896. C’est une partie de l’histoire culturelle du Québec. Si ce n’est pas le plus vieux, c’est un des plus vieux magasins de divertissement au Québec.

Dominic Béland, président de la section SEPB 574 affiliée à la FTQ et employé de longue date du magasin

Fondé en 1896, le Groupe Archambault appartient à Renaud-Bray depuis 2015. Il restera 14 établissements Archambault en activité : Boucherville, Brossard, Gatineau, Laval (2), Anjou, Jean-Talon, Place des Arts, La Capitale, Sainte-Foy, Saint-Romuald, Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay.

Avec le rez-de-chaussée, le magasin de la rue Berri occupe trois étages. Outre des instruments de musique, des partitions, des haut-parleurs, des CD, des films et des livres, on y retrouve notamment de la papeterie, des articles de cuisine, des jeux et des jouets.

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