L’action de Theratechnologies a perdu 36 % de sa valeur vendredi à la Bourse de Toronto après que la société biopharmaceutique montréalaise a décidé de revoir la conception de ses essais cliniques d’un agent pour le traitement de tumeurs cancéreuses.

La nouvelle a entraîné le titre de Theratechnologies à un nouveau plancher des 52 dernières semaines en Bourse.

Theratechnologies met sur pause le recrutement de patients pour son essai clinique de phase I sur le TH1902, son principal « conjugué peptide-médicament expérimental pour le traitement de cancers exprimant la sortiline ».

La direction prévoit maintenant soumettre une modification à son protocole pour approbation par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis. La FDA avait accordé l’an passé la désignation « fast track » au TH1902.

Theratechnologies soutient avoir pris sa décision après consultation auprès de ses chercheurs cliniques afin de revoir la conception de l’essai clinique.

L’intention est d’ajuster le « schéma posologique » pour permettre une optimisation de l’administration du TH1902, soit des doses plus faibles à des intervalles plus fréquents.

Les résultats obtenus jusqu’à présent n’étaient pas suffisamment convaincants pour poursuivre le recrutement de patients et ne l’emportaient pas sur le risque d’évènements indésirables observés chez certains patients, précise-t-on.

Risque élevé

« Nous sommes déçus, mais nous restons déterminés à faire progresser la technologique de notre plateforme technologique SORT1+ et nous continuerons d’étudier son potentiel dans le traitement des cancers de stade avancé », a commenté par communiqué Christian Marsolais, vice-président principal et chef de la direction médicale de Theratechnologies.

« Bien qu’il s’agisse d’un développement négatif, le TH1902 est à un stade de développement très précoce », observe l’analyste Endri Leno, de la Financière Banque Nationale. « De ce fait, un profil de risque plutôt élevé y est donc associé. C’est pourquoi je n’en tiens pas compte dans mes prévisions », ajoute-t-il.

La principale question est de savoir pourquoi continuer d’investir dans le développement de tels actifs risqués alors que des énergies, du temps et de l’argent pourraient possiblement être investis dans d’autres projets qui offrent potentiellement un meilleur rendement sur investissement.

Endri Leno, analyste de la Financière Banque Nationale

Son collègue Doug Loe, de la firme Leede Jones Gable, dit de son côté ne pas être étonné outre mesure. « Bien que j’étais, et que je suis encore optimiste, j’étais prudent à propos du chemin non linéaire qui se dessinait pour mener aux essais cliniques de phase III », souligne-t-il dans une note envoyée à ses clients.

C’est notamment pour cette raison qu’il n’accordait pas encore de valeur au TH1902 dans ses calculs et qu’il n’entend pas le faire tant qu’il n’y aura pas une indication claire de réponse chez les patients atteints de cancer. Il n’écarte pas une telle éventualité après l’ajustement des doses pour les essais cliniques. L’ajustement des doses est d’ailleurs une « première étape raisonnable » pour y parvenir, indique-t-il.

Son évaluation de l’action de Theratechnologies continue d’être liée aux activités commerciales du médicament Trogarzo, un traitement contre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), ainsi qu’aux activités commerciales du principal produit vendu par l’entreprise, c’est-à-dire Egrifta, un médicament pour traiter un effet du VIH.

Seulement deux des cinq analystes qui suivent officiellement les activités de Theratechnologies recommandaient d’acheter l’action avant la plus récente décision de la direction de l’entreprise.