Né de l’urgence environnementale lors de la tragédie de Lac-Mégantic en 2015, un tout nouveau drone développé à Québec et présenté comme une « première mondiale » a été officiellement lancé mercredi.

L’AirDX-SM, de la firme DroneXperts, est un drone de 4,5 kg disposant d’une autonomie pouvant aller jusqu’à 15 minutes. L’utilisation de ce type d’appareil pour l’échantillonnage et l’analyse de la qualité de l’air n’est pas en soi une nouveauté. Ce qui l’est, explique Patrick Chatelle, directeur, environnement et R&D, chez DroneXperts, c’est l’utilisation simultanée de trois méthodes d’échantillonnage.

Le drone dispose en outre d’un GPS qui permet de géolocaliser et de détecter en temps réel jusqu’à sept gaz différents, dont des gaz à effet de serre. L’AirDX-SM est destiné aux grandes industries qui veulent mesurer les émissions de leurs installations, notamment les usines de pâtes et papiers, les sites d’enfouissement sanitaire et les entreprises pétrolières.

« On est en mesure d’aller échantillonner dans des endroits où un humain ne peut se rendre », explique M. Chatelle. Plus spécifiquement, le drone peut intégrer trois technologies utilisées pour l’échantillonnage : un réservoir appelé « poumon rigide », un canister et des tubes dits « adsorbants », sur lesquels se fixent des molécules.

Premières livraisons en janvier

La conception a mobilisé une quinzaine d’experts à partir de 2015, provenant notamment du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et du Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec (CEAEQ). On voulait notamment répondre aux besoins en « analyse aéroportée » de l’air après la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, précise M. Chatelle. Experts en robotique, en génies électrique et mécanique, en informatique, en environnement et en drones ont été mis à contribution. À partir de 2018, c’est DroneXperts, entreprise fondée six ans plus tôt, qui a piloté ce que M. Chatelle appelle « l’optimisation », allégeant le drone, le testant sur le terrain et améliorant l’autonomie.

Depuis mars 2022, le gros des efforts est mis dans l’obtention des certifications et la démonstration de la conformité réglementaire de l’AirDX-SM.

Les premières unités, estime le directeur chez DroneXperts, seront livrées en janvier 2023, entièrement fabriquées dans les installations de l’avenue Branly à Québec qui comptent une trentaine d’employés. « Ça va vraiment être fait ici. Tout est planifié pour ça, ça va assurer la fiabilité du produit, de certaines composantes et de calibrations pour qu’il soit entièrement opérationnel. »

S’il assure que la demande pour ce drone est déjà très forte, ayant notamment fait sensation lors d’un salon récent à Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, il ne se prononce pas sur le nombre d’unités qui pourraient être vendues dans les prochains mois. Dans un premier temps, on vise les marchés nord-américain et européen.

« L’entreprise est prête à s’ajuster, si des embauches sont nécessaires. »