(Riga) L’Ukraine est intéressée par des équipements électriques d’une entreprise canadienne.

Les infrastructures du géant ukrainien de l’énergie DTEK sont presque quotidiennement attaquées et endommagées par l’armée russe.

Les deux usines de Tower Solutions, à Granby, au Québec, et à Whitby, en Ontario, pourraient ainsi produire des pylônes qui seraient exportés en Ukraine et montés sur place, pour rétablir rapidement le courant.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a soutenu récemment que la Russie avait endommagé pas moins de 40 % des infrastructures énergétiques de son pays.

Un porte-parole de Tower Solutions a pu parler tout récemment au président de DTEK, Maxim Timchenko, pour mousser ses pylônes de dépannage qui peuvent être érigés rapidement : on passe ainsi de 90 minutes à quelques minutes seulement.

« C’est assurément ce dont nous avons besoin maintenant », a répondu le PDG au cours d’un breffage tenu le mois dernier.

Le dirigeant de DTEK a manifesté de l’ouverture à l’égard de la solution d’urgence offerte par Tower Solutions et a offert à son représentant d’entrer en contact avec ses responsables de l’équipement.

PHOTO VINCENT MUNDY, ARCHIVES BLOOMBERG

Le siège social de DTEK, à Kyiv

Le représentant de l’entreprise canadienne a également offert d’autres pièces d’équipement du réseau électrique dont pourrait avoir besoin DTEK.

Un haut dirigeant de Tower Solutions, Ciro Pasini, n’a pas démenti l’information et a proposé à La Presse Canadienne de s’entretenir avec le représentant qui a tissé des liens avec DTEK.

Le représentant en question, établi à Montréal, n’a pas donné suite aux demandes d’entrevue répétées de La Presse Canadienne.

M. Pasini a toutefois laissé entendre que l’enjeu était délicat et qu’il impliquait même des autorités gouvernementales. Il a exprimé des réticences à discuter publiquement de l’offre de son entreprise à ce fournisseur ukrainien d’électricité.

À Granby, Tower Solutions possède une usine robotisée de 80 000 pieds carrés où sont assemblées les pièces d’aluminium et d’acier.

Le G7 a fait savoir récemment qu’il allait mettre en place un « mécanisme de coordination » pour aider l’Ukraine à réparer, restaurer et défendre ses infrastructures en matière d’énergie et d’eau ».

Le réseau ukrainien a été conçu selon un certain modèle du temps de l’Union soviétique, donc les Russes connaissent bien ce modèle et frappent des « nœuds » du réseau, ce qui paralyse de larges portions du territoire.

Même si son entreprise est constamment la cible des Russes, M. Timchenko a tenté de se montrer rassurant sur ses capacités de résistance et de réfection.

Autant les pylônes que les postes de transformateurs et de distribution sont visés.

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Un missile russe enfoncé dans le sol après une attaque contre une ligne électrique en Ukraine, il y a trois semaines

De plus, DTEK a perdu sa centrale nucléaire, la plus importante d’Europe, à Zaporijia, qui est aux mains des Russes : sa capacité totale de 6000 mégawatts est donc détournée et n’approvisionne plus le territoire ukrainien, pour un pays qui consomme 52 000 mégawatts.

« C’est la situation la plus difficile », a admis M. Timchenko, qui conclut que l’armée russe vise systématiquement le réseau électrique pour affecter le moral de la population ukrainienne et disloquer l’activité économique, par exemple en interrompant la production minière de charbon, essentielle pour les centrales.

Néanmoins, le grand patron de DTEK assure qu’il pourra alimenter les consommateurs ukrainiens pour affronter l’hiver rigoureux du pays.

PHOTO PAVLO PALAMARCHUK, ARCHIVES REUTERS

La ville de Lviv dans le noir après une attaque russe contre les infrastructures électriques, le 11 octobre dernier

Il y a assez de gaz pour traverser l’hiver, a-t-il laissé entendre.

Le stock de gaz était en octobre de 14,6 milliards de mètres cubes. Or, la moyenne de consommation l’hiver en Ukraine s’élève à 8,2 milliards de mètres cubes, tandis qu’il faudra 2 milliards de mètres cubes supplémentaires pour remplacer la perte de Zaporijia.

Par ailleurs, DTEK peut aussi compter sur une centrale hydroélectrique.

Cependant, comme l’a fait remarquer son président, l’enjeu reste le même : les unités de production se trouvent surtout dans l’ouest du pays, alors comment alimenter les autres régions plus à l’est si les infrastructures de transport sont attaquées ?

L’entreprise a aussi bâti des parcs éoliens, mais ils se trouvent actuellement en territoire occupé par les Russes.