Une facilité de crédit permettra, espère-t-on, d’accélérer la croissance.

En quête de financement parce qu’il continue à puiser dans ses réserves, le constructeur de camions et d’autobus électriques Lion reçoit un coup de pouce de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), ce qui devrait lui permettre de souffler pendant encore quelques mois.

L’entreprise québécoise, qui fera le point sur sa performance au troisième trimestre ce jeudi, a obtenu une facilité de crédit de 30 millions. Le bas de laine des Québécois et Finalta Capital contribuent en parts égales.

« Même si le montant est relativement modeste, il permettra à Lion de passer au travers des prochains trimestres en plus de réduire le besoin de dilution [une émission d’actions] à court terme », estime l’analyste Rupert Merer, de la Financière Banque Nationale.

Le prêt, annoncé mercredi, permettra à la société de faire deux choses : rembourser une somme de 13,5 millions à Finalta Capital — une dette qui s’accompagnait d’un taux d’intérêt annuel d’environ 10 % – et renflouer ses coffres.

Cette nouvelle facilité de crédit nous fournira un outil additionnel pour financer nos activités à un moment crucial de notre croissance.

Marc Bédard, président et chef de la direction de Lion

Il n’a pas été possible, mercredi, de connaître le taux d’intérêt de cette nouvelle facilité de crédit. Cette dernière s’accompagne d’une série de conditions, dont une « sûreté prioritaire » qui permettrait à la CDPQ et à Finalta de mettre la main sur des sommes gouvernementales qui doivent être versées à Lion si certaines conditions ne sont pas respectées.

L’annonce n’a pas suscité d’enthousiasme chez les investisseurs. À la Bourse de Toronto, le titre de la société établie à Saint-Jérôme a fléchi de 25 cents, ou 5,7 %, pour clôturer à 4,10 $, dans le cadre d’une séance où le principal indice du parquet torontois a également reculé. Le titre de Lion valait plus de 28 $ à son sommet en juin 2021.

Moment crucial

Fondée en 2008, Lion traverse une période cruciale. D’un côté, l’entreprise doit accélérer sa cadence de production malgré les perturbations de la chaîne d’approvisionnement. De l’autre, elle construit de nouvelles usines des deux côtés de la frontière — des projets coûteux.

L’entreprise continue à piger dans ses réserves, qui diminuent. Au 30 juin dernier, il restait 83 millions en trésorerie dans ses coffres. Pendant les six premiers mois de l’année, Lion a brûlé en moyenne 8,8 millions chaque mois. Une proportion des dépenses a servi à garnir les stocks dans l’espoir d’être à l’abri des difficultés d’approvisionnement.

Michael Glenn, de Raymond James, calcule que Lion avait aussi accès à une facilité de crédit de 75 millions et qu’elle attendait environ 40 millions de programmes de financement gouvernementaux.

« Ceci étant dit, les prévisions tablent sur des dépenses d’investissement de 100 millions au deuxième semestre et nous calculons que les besoins de trésorerie atteindront 150 millions », estime l’analyste, dans un rapport.

Les résultats du troisième trimestre offriront une mise à jour de la situation financière du constructeur de camions et d’autobus. En juin dernier, celui-ci avait mis en place un programme qui lui permettrait de récolter jusqu’à 125 millions US par l’entremise de la vente d’actions. On devrait avoir une idée de la récolte ce jeudi.

Nous croyons que Lion s’est tournée vers ce programme au troisième trimestre pour restaurer ses liquidités.

Rupert Merer, analyste de la Financière Banque Nationale

« Notre modèle table sur une émission de 60 millions d’actions (10 millions au troisième trimestre) au cours des prochaines années pour combler l’écart », croit M. Merer.

Lion a déjà préparé le terrain pour éventuellement renflouer ses coffres. En juin dernier, elle avait déposé un prospectus auprès des autorités réglementaires pour éventuellement récolter jusqu’à 350 millions US. Certains analystes avaient alors évoqué la possibilité d’une dilution pour les actionnaires dans le cadre d’une émission d’actions.

Consultez l'article « Lion fait craindre une dilution. »

Au troisième trimestre, M. Merer anticipe des livraisons de 135 véhicules. L’analyste croit que les revenus devraient totaliser 38 millions.

En savoir plus
  • 2360 véhicules
    C’est la taille du carnet de commandes de Lion au 4 août dernier. La valeur est estimée à 575 millions.
    lion