La nomination du prochain patron de la Banque Scotia cause une certaine surprise sur Bay Street et soulève un certain nombre de questions qui alimentent l’incertitude entourant les orientations futures qui seront données à l’institution financière.

La Scotia a annoncé lundi que Brian Porter, 63 ans, prendra sa retraite à la fin de janvier. Son successeur sera Scott Thompson, 52 ans, actuel PDG de Finning International, premier concessionnaire d’équipement Caterpillar au monde. Il quittera ce poste à la mi-novembre.

PHOTO JIN LEE, LA PRESSE BLOOMBERG

Brian Porter s’est joint à la Banque Scotia en 1981 et en est devenu le PDG en novembre 2013.

Si Scott Thompson est membre du conseil d’administration de la Scotia depuis six ans, il est inhabituel de voir une grande banque faire appel à un candidat externe pour le poste de PDG.

La Banque Laurentienne est la dernière banque canadienne à avoir emprunté cette voie. La Laurentienne avait choisi il y a deux ans de confier à Rania Llewellyn la fonction de présidente et chef de la direction. Elle venait de passer 26 ans à… la Scotia.

« Après 41 ans à la Scotia et presque 10 ans comme PDG, il n’est pas étonnant de voir Brian Porter partir à la retraite », souligne l’analyste Darko Mihelic, chez RBC.

« Ce qui me surprend, c’est que la personne qui prend le relais n’est pas un dirigeant de la banque. »

Darko Mihelic parle d’une décision « historique » de la part du conseil d’administration de la Scotia. « Ça laisse clairement entendre que des changements significatifs sont à anticiper à la Scotia. »

« Il n’est pas évident de savoir quels changements seront apportés puisque Scott Thompson ne deviendra pas PDG avant plusieurs mois encore. Cela causera de l’incertitude à court terme », estime Paul Holden, de la CIBC.

Une bonne réputation

Son collègue Doug Young, chez Valeurs mobilières Desjardins, affirme que Scott Thompson profite d’une bonne réputation dans le milieu des affaires et qu’il a une belle feuille de route dans différentes industries. Il a notamment travaillé chez Bell Canada et Talisman Energy au fil des années.

Doug Young souligne aussi que Scott Thompson possède aussi de l’expérience à l’international, et l’international représente une portion importante des activités de la Scotia (en Amérique latine, notamment).

Doug Young souligne par contre que Scott Thompson ne possède cependant pas d’expérience en tant que banquier. « J’apprécie le fait que la banque pense à l’extérieur de la boîte dans un secteur très conventionnel, mais cette décision du conseil d’administration n’est-elle pas trop atypique ? »

Cette nomination annoncée a de quoi préoccuper les investisseurs, selon Doug Young. Il se demande si les candidats de l’interne ayant été considérés pour le poste de PDG demeureront au sein de la banque. Ces hauts dirigeants pourraient partir dans les prochains mois.

Dans une réaction qui peut témoigner de l’avis des investisseurs, l’action de la Banque Scotia reculait de 3 % lundi à Toronto, alors que les titres des autres grandes banques canadiennes enregistraient des gains ou demeuraient stables.

L’action de la Scotia a d’ailleurs touché son plus bas niveau des 52 dernières semaines durant la première séance boursière de la semaine et terminé la séance à 67,30, en baisse de 1,93 $, soit 2,8 %.

Brian Porter est PDG de la Scotia depuis 2013. Il agira à titre de conseiller stratégique auprès de son successeur pendant quelques mois dès que Scott Thompson occupera officiellement le poste de PDG de la Scotia, au début de février.