(Longueuil) La montée des absences liées à la COVID-19 a entraîné « un cauchemar » sur la chaîne de production de Héroux-Devtek, raconte son président et chef de la direction, Martin Brassard. Le fabricant québécois de trains d’atterrissage a dévoilé des résultats « décevants » qui ont éclipsé la signature d’un contrat avec Boeing.

Le président et chef de la direction de Héroux-Devtek, Martin Brassard, a dit que le nombre de cas rapportés avait quadruplé au premier trimestre (d’avril à fin juin) par rapport à la même période l’an dernier. Ses fournisseurs ont, eux aussi, vu leurs activités perturbées par la septième vague. « Ç’a été comme un cauchemar », a confié le dirigeant lors d’un appel téléphonique avec les analystes, vendredi.

Près de 200 employés sur un effectif de 1800 ont dû s’absenter au cours du premier trimestre. Les travailleurs en isolement laissent « des trous » dans la chaîne de production, ce qui ralentit le travail dans les usines, a expliqué le dirigeant.

Ce n’est pas la première fois qu’une vague pandémique perturbe les activités de l’entreprise de Longueuil. En novembre et en décembre, près de 200 personnes ont contracté la COVID-19, ce qui avait grugé 10 % des revenus espérés par la direction.

Ces difficultés surviennent à un moment où le marché de l’emploi est serré. « Nous avons de la difficulté à remplir les postes offerts, mais nous avons réussi à mitiger ce problème tandis que nous avons 95 % de la main-d’œuvre dont nous avons besoin. Malgré tout, le taux de roulement est plus élevé qu’habituellement. »

Le contexte opérationnel difficile était connu, mais la situation est pire que ne l’avait anticipé l’analyste Tim James, de Valeurs mobilières TD. « Aucun facteur identifié n’est une surprise, mais l’ampleur du problème par rapport au trimestre précédent est surprenante. »

Résultats inférieurs aux attentes

Dans ce contexte difficile, Héroux-Devtek a dévoilé des résultats nettement inférieurs aux attentes du marché. M. Brassard a lui-même qualifié ses résultats de « décevants ».

Au premier trimestre, le bénéfice net a fondu de près de 85 % pour s’établir à 965 000 $, comparativement à 6,7 millions à la même période l’an dernier. Les revenus, pour leur part, ont diminué de 9,6 % à 114,1 millions.

Le bénéfice dilué par action s’établit à 3 cents contre 19 cents. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice de 20 cents, selon la firme de données Refinitiv.

Au cours de la conférence téléphonique, M. Brassard a insisté sur le fait que les conditions du marché de l’aéronautique militaire et civile n’étaient pas en cause dans la contre-performance trimestrielle.

La demande n’est pas un enjeu. Le défi est de produire de manière constante et continue en raison des défis liés à la chaîne d’approvisionnement, l’inflation et les contraintes de la main-d’œuvre.

Martin Brassard, président et chef de la direction de Héroux-Devtek

Il a aussi indiqué que le carnet de commandes de la société « demeure solide », ce qui lui permettrait d’augmenter ses ventes au cours des prochains trimestres.

Les difficultés de la société ont éclipsé la conclusion d’un contrat avec Boeing, qui lui avait déjà confié la fabrication des trains d’atterrissage des appareils 777 et 777x.

Le nouveau contrat prévoit la réparation et l’entretien des trains d’atterrissage principaux et des contrefiches latérales pour les avions F/A-18E/F Super Hornet et EA-18G Growler de Boeing dans le cadre du contrat d’entretien que le géant américain s’est vu accroder par la marine américaine en 2021.

La première partie du contrat couvre 40 avions ; il devrait par la suite faire l’objet d’options et vise le soutien de l’ensemble de la flotte de la marine américaine, qui compte plus de 600 avions.

L’action perdait 1,06 cent, ou 7,24 %, à 13,59 $ à la fermeture de la séance de la Bourse de Toronto.