Fort d’un gain de 100 millions avec Cominar, l’homme d’affaires George Armoyan acquiert 10 % de Thérapeutique Knight

Après avoir réalisé un profit de près de 100 millions en moins de deux ans avec Cominar durant la pandémie, l’homme d’affaires montréalais George Armoyan tourne son attention vers une autre entreprise du Québec.

Cette fois, il débourse des dizaines de millions pour acheter des actions de Thérapeutique Knight, une société pharmaceutique de Montréal.

La participation de 10 % dans Knight qu’il vient de déclarer aux autorités réglementaires vaut une soixantaine de millions de dollars au cours boursier actuel.

L’entrepreneur et investisseur ayant touché tant à l’immobilier qu’aux transports et à l’énergie au fil des ans est ainsi devenu l’un des plus importants actionnaires de Knight, derrière notamment le fondateur et président exécutif du conseil de l’entreprise, Jonathan Goodman.

photo andré pichette, archives la presse

Jonathan Goodman, fondateur et président exécutif du conseil de Thérapeutique Knight

« J’aime beaucoup les dirigeants. C’est une des meilleures équipes de gestionnaires qu’il m’a été donné de rencontrer. Je suis convaincu qu’ils vont me faire faire de l’argent », dit George Armoyan au téléphone en faisant référence à Jonathan Goodman et à la PDG de Knight, Samira Sakhia.

« Je n’ai que de l’admiration pour ces gens, tout à fait le contraire de chez Cominar », lance-t-il, ne pouvant s’empêcher d’écorcher la direction du fonds de placement immobilier de Québec.

Photo SARAH MONGEAU-BIRKETT, archives LA PRESSE

Samira Sakhia, PDG de Knight

Cominar lui a pourtant fait réaliser un profit éclair impressionnant. « Près de 100 millions », dit-il du bout des lèvres, quand on insiste pour qu’il chiffre son gain. « Un des cinq meilleurs investissements de ma carrière », soutient cet Arménien né en Syrie.

George Armoyan avait longuement hésité l’année dernière avant de se ranger derrière l’offre de rachat visant à fermer le capital de Cominar. Devenu en peu de temps le plus important détenteur de parts avec une participation supérieure à 10 %, il avait commencé à acheter des parts de Cominar au début de la pandémie en 2020. Il avait eu du pif en achetant alors que la valeur de la part s’était grandement dépréciée en Bourse et oscillait autour de 7 $.

Investisseur anticonformiste traînant une réputation de militant, George Armoyan disait avoir vu en Cominar un titre significativement sous-évalué par rapport à la valeur nette des actifs et un portefeuille immobilier renfermant un fort potentiel. Il n’a jamais caché avoir été étonné que Cominar ferme son capital en acceptant une offre qui selon lui était « au rabais ».

La fermeture du capital réalisée au prix unitaire de 11,75 $ a néanmoins permis à George Armoyan de réaliser un gain important en relativement peu de temps.

Un bon C.A.

M. Armoyan dit avoir commencé à accumuler des actions de Knight peu avant Noël. Le Montréalais d’adoption affirme ne pas vouloir de siège au conseil d’administration de Knight, du moins pour l’instant.

« Peut-être un jour, mais je n’ai pas besoin d’être au conseil si je ne crois pas pouvoir contribuer. Le conseil d’administration de Knight est très bon et m’impressionne. J’en connais peu sur ce secteur d’activité. Mais je serai en dialogue constant avec la direction et je vais apprendre », dit-il.

George Armoyan ajoute que Jonathan Goodman ne travaille pas par besoin d’argent. « Il croit à l’entreprise et il veut qu’elle obtienne un succès semblable à celui des Laboratoires Paladin. »

Avant de fonder Knight en 2014, Jonathan Goodman avait cofondé et dirigé les Laboratoires Paladin, société pharmaceutique rachetée par Endo Health en 2013 pour 3,2 milliards.

La direction de Knight n’a qu’à continuer à faire ce qu’elle fait et je serai heureux. Les dirigeants font tout de la bonne façon.

George Armoyan

Le modèle d’affaires de Knight s’articule autour de l’acquisition sous licence de droits de distribution de produits médicaux destinés au marché canadien et à des marchés internationaux choisis.

« Les gens tombent malades et ont besoin de médicaments. Knight possède la plateforme et le savoir-faire pour s’établir dans les plus petits marchés délaissés par les grandes pharmaceutiques. Knight concentre ses efforts au Canada et en Amérique latine », dit George Armoyan.

Knight avait fait l’objet d’une bataille de circulaires en 2019. Cette année-là, les actionnaires avaient été appelés à choisir entre les administrateurs suggérés par Knight ou ceux proposés par un ex-administrateur et actionnaire dissident et déçu qui reprochait notamment à Knight de rester assise sur ses liquidités.

Jonathan Goodman avait dit à l’époque qu’en cas de défaite lors de ce vote, il allait démissionner sur-le-champ et vendre ses actions le plus rapidement possible. Knight avait notamment rappelé aux actionnaires, au moment du vote, que l’entreprise était sur la bonne voie et agissait au mieux en exécutant « patiemment » une stratégie dont l’efficacité avait été démontrée par Jonathan Goodman chez Paladin.

L’action de Knight est actuellement tout près de son prix plancher. Le titre a clôturé à 5,07 $ mardi à la Bourse de Toronto. Il valait plus de 10 $ en 2017.