(Calgary) Le géant britannique de l’énergie BP quitte les sables bitumineux de l’Alberta pour se concentrer plutôt sur le développement pétrolier en mer.

La société a annoncé lundi avoir conclu un accord pour vendre sa participation de 50 % dans le projet de sables bitumineux Sunrise, dans le nord de l’Alberta, à Cenovus Energy.

En vertu de l’entente, Cenovus, établie à Calgary, versera à BP 600 millions en espèces, en plus d’un paiement variable d’une valeur cumulative maximale de 600 millions expirant après deux ans. Cenovus cédera également à la britannique sa participation de 35 % dans le projet non développé Bay du Nord, au large de Terre-Neuve-et-Labrador.

Une fois la transaction conclue, BP n’aura plus d’intérêts dans la production canadienne de sables bitumineux et se concentrera sur la future croissance potentielle de projets en mer. La société détient actuellement une participation dans six permis d’exploration pour la région extracôtière de l’est de Terre-Neuve.

« Il s’agit d’une étape importante dans nos plans visant à créer une entreprise plus ciblée, résiliente et concurrentielle au Canada », a expliqué la vice-présidente principale de BP pour le golfe du Mexique et le Canada, Starlee Sykes, dans un communiqué de presse.

« Bay du Nord ajoutera une superficie considérable et une ressource découverte à notre portefeuille existant au large de Terre-Neuve-et-Labrador. »

BP est le dernier acteur international à quitter les sables bitumineux canadiens, emboîtant le pas à de grandes entreprises telles que le géant pétrolier norvégien Equinor ASA — anciennement Statoil — qui a achevé son retrait de la région l’année dernière en vendant sa participation de 18,8 % dans Athabasca Oil.

D’autres sociétés européennes et américaines telles que Royal Dutch Shell, Statoil, Total, ConocoPhillips, Marathon Oil et Murphy Oil ont réduit ou éliminé leur exposition aux sables bitumineux depuis 2015, lorsque les prix du pétrole se sont effondrés et que les inquiétudes des investisseurs concernant l’intensité en carbone des produits des sables bitumineux ont commencé à augmenter.

Mais les prix du pétrole ont grimpé en flèche ces derniers mois et les actions des producteurs canadiens de sables bitumineux suivent la même tendance. Le cours de l’action de Cenovus Energy a gagné plus de 140 % d’une année sur l’autre dans le contexte de la guerre en Ukraine et des préoccupations mondiales concernant l’approvisionnement énergétique.

Hausse de production prévue

Dans un communiqué de presse, Cenovus a fait valoir que la pleine propriété du projet de sables bitumineux Sunrise renforcerait la « vigueur de base » de la société dans les sables bitumineux. Cenovus détenait déjà 50 % de Sunrise et il en est l’exploitant depuis le début de 2021, dans la foulée de son acquisition de Husky Energy.

« L’acquisition de la participation directe restante dans Sunrise nous permet de bénéficier pleinement des importantes occasions d’optimisation disponibles », a affirmé le chef de la direction de Cenovus, Alex Pourbaix, dans le communiqué.

« En appliquant les techniques d’exploitation avancées de Cenovus, nous prévoyons d’augmenter la production de Sunrise tout en réduisant le capital de maintien, les coûts d’exploitation et l’intensité des émissions. »

Cenovus a précisé s’attendre à pouvoir augmenter les niveaux de production de Sunrise des 50 000 barils par jour actuels à 60 000 barils par jour. L’acquisition a pour date d’entrée en vigueur le 1er mai 2022 et devrait être finalisée au troisième trimestre de cette année.

L’accord s’inscrit dans le cadre de la stratégie de Cenovus consistant à consolider et optimiser les actifs de sables bitumineux, a observé l’analyste Jason Bouvier, de la Banque Scotia, dans une note. Cela permet aussi à Cenovus de se retirer du projet Bay du Nord, qui découlait également de son acquisition de Husky.

« Cette transaction offre un avantage potentiel en augmentant la production de Sunrise et en améliorant sa structure de coûts », a-t-il estimé. « En outre, la cession (de Cenovus) de sa participation dans Bay du Nord supprime un actif non développé qui pourrait avoir des besoins en capital dans l’avenir. »

Bay du Nord — détenue majoritairement par Equinor — est le premier site de forage pétrolier en eau profonde au Canada, situé à environ 500 kilomètres à l’est de Saint-Jean de Terre-Neuve. Le projet a été approuvé en avril par le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, bien qu’une décision finale d’investissement d’Equinor et de ses partenaires n’ait pas encore été prise.