(Londres) Une consultante de Shell a démissionné avec fracas lundi, accusant le géant pétrolier britannique de causer des « dégâts extrêmes » à l’environnement en connaissance de cause, tandis qu’HSBC a suspendu un dirigeant qui minimisait l’impact du changement climatique.

« Je mets fin à ma relation de onze ans en tant que consultante sécurité pour Shell », écrit Caroline Dennett sur LinkedIn lundi appelant d’autres employés du géant sectoriel à faire de même.

« Le manque total d’intérêt de Shell pour le risque causé par le changement climatique veut dire qu’ils échouent complètement dans leurs ambitions de transition vers la neutralité carbone », fait-elle valoir.

« Shell est pleinement conscient que leurs projets continus d’extraction de pétrole et gaz et d’expansion causent des dégâts extrêmes à notre climat, notre environnement, la nature et les gens », argumente-t-elle.

Contrairement aux déclarations publiques sur la neutralité carbone, [le groupe] ne diminue pas sa production de pétrole et gaz, mais prévoit d’explorer et d’extraire beaucoup plus.

L’ex-consultante Caroline Dennett

« Nous devons mettre fin à tous les projets d’extraction immédiatement et transitionner rapidement des carburants fossiles vers les énergies renouvelables », poursuit Mme Dennett.

Un investisseur institutionnel, Royal London Asset Management, avait critiqué le plan de transition climat de Shell la semaine dernière, estimant qu’il ne diminuait pas assez la consommation de pétrole.

« Nous avons fixé des objectifs de court, moyen et long terme et avons l’intention de les atteindre. Nous investissons déjà des milliards de dollars dans l’énergie à bas carbone, même si le monde aura encore besoin de pétrole et gaz pour des décennies dans des secteurs qui ne peuvent facilement être décarbonnés », a réagi une porte-parole de Shell jointe par l’AFP.

Shell tient mardi son assemblée générale d’actionnaires et des organisations écologistes comme Money Rebellion ont prévu de manifester pour dénoncer l’inaction climatique de la « major » pétrolière, après avoir perturbé ces dernières semaines les AG des banques HSBC, Barclays et Standard Chartered.

Le Financial Times écrivait dimanche, citant des sources proches du dossier, que HSBC a suspendu Stuart Kirk, directeur mondial de l’investissement responsable à la division de gestion d’actif, après qu’il a accusé les banquiers centraux et des responsables politiques d’exagérer l’impact du changement climatique.

Des porte-paroles ont refusé de commenter cette information lundi.

Dimanche, Noel Quinn, directeur général du groupe, avait réagi en disant que les remarques faites par M. Kirk lors d’une conférence organisée par le FT ne reflétaient pas la stratégie du groupe.

M. Kirk a entre autres déclaré d’après le FT : « Qu’est-ce que ça peut faire si Miami est six mètres sous l’eau dans 100 ans ? Amsterdam est sous l’eau depuis des lustres, et c’est un endroit très agréable. Nous nous adapterons. »

Les associations écologistes Bank on our Future et Global Witness se sont indignées de propos « choquants » et « inexacts », particulièrement de la part du dirigeant de l’investissement responsable de la banque, estimant qu’ils témoignent de l’état d’esprit dans la finance, et appelant les gouvernements à légiférer.

Dénonçant « tout un secteur qui continue à financer la déforestation, les carburants fossiles et l’effondrement climatique », Global Witness accuse notamment HSBC d’être « l’une des pires » banques.

« Nous avons besoin des gouvernements pour légiférer et empêcher la finance de soutenir des entreprises qui détruisent le climat », conclut Mme Oakeshott.