Dans la foulée de la fusion annoncée des deux géants des télécommunications canadiens, Rogers et Shaw, Québecor a finalement été invité dans les négociations pour l’achat du réseau sans fil Freedom Mobile.

Cette invitation a d’abord été dévoilée par le Globe and Mail vendredi. Des banquiers représentant Rogers Communications seraient entrés en contact avec ceux de Québecor concernant l’achat potentiel du réseau de communication sans fil Freedom Mobile (qui appartient à Shaw), selon une source proche du dossier.

Le réseau Freedom Mobile possède environ 2 millions d’abonnés sans fil en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Il est désormais à vendre dans le cadre de l’acquisition de Shaw par Rogers, d’une valeur de 26 milliards de dollars.

Rappelons que Québecor n’avait pas été jusqu’à présent pressenti comme acheteur potentiel de Freedom Mobile, malgré son intérêt. En effet, l’entreprise québécoise s’était par le passé montrée ouverte à cette acquisition, dans le cadre d’un projet de croissance plus large à l’extérieur de la province. D’autres acquéreurs potentiels, Xplornet, Globalive et la famille Aquilini, qui possède l’équipe de la LNH des Canucks de Vancouver, étaient considérés comme favorisés dans la course, précise le Globe and Mail.

Québecor a décliné notre demande d’entrevue dimanche en précisant ne pas vouloir commenter la nouvelle.

Des embûches pour Rogers

La transaction d’achat de Shaw par Rogers Communications n’est pas encore gagnée. Samedi après-midi, Rogers a reçu une notification du Bureau de la concurrence Canada annonçant son opposition à la fusion des deux entreprises. L’affaire pourrait se retrouver devant le Tribunal de la concurrence canadienne, a indiqué Rogers dans un communiqué.

Lisez le communiqué de Rogers (en anglais)

« À l’heure actuelle, le Bureau de la concurrence n’a pas déposé de demande devant le Tribunal de la concurrence relativement au projet de fusion entre Rogers et Shaw, a précisé Amy Butcher, directrice aux affaires publiques du Bureau de la concurrence Canada, par courriel dimanche. Nous publierons plus d’informations sur notre enquête au moment opportun. »

En mars dernier, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, avait aussi affirmé qu’il ne permettrait pas, dans le cadre de la fusion de Rogers et de Shaw, d’éliminer Freedom Mobile. Le réseau sans fil est en effet en compétition avec celui de Rogers, rappelle le Globe and Mail. « Le transfert en gros des licences sans fil de Shaw à Rogers est fondamentalement incompatible avec les politiques de notre gouvernement en matière de concurrence et du spectre des services mobiles, avait affirmé le ministre par communiqué. Je ne le permettrai tout simplement pas. »

Samedi, Rogers a soutenu être toujours « engagé dans la transaction [avec Shaw], qui est dans les intérêts supérieurs du Canada et des Canadiens en raison des avantages à long terme dont vont bénéficier les clients, les entreprises et l’économie ».

Lutte de pouvoir chez Rogers

L’automne dernier, La Presse Canadienne rapportait que les relations entre Rogers et Québecor étaient tendues. La filiale Vidéotron avait déposé une poursuite de 850 millions de dollars contre la société torontoise, affirmant que Rogers avait « provoqué artificiellement une impasse » dans une entente conclue entre les deux entreprises pour créer un réseau sans fil commun au Québec et à Ottawa. Cette situation pouvait expliquer la tiédeur de Rogers à l’égard de Québecor concernant la vente de Freedom Mobile.

En parallèle, Rogers était ébranlé par « une lutte de pouvoir digne d’un feuilleton télévisé », selon La Presse Canadienne.

Québecor aurait fait les efforts nécessaires pour régler le différend sans passer par les tribunaux. « À la lumière de ce qui se passe chez Rogers, on comprend pourquoi nos discussions n’étaient pas prioritaires, avait alors affirmé Pierre Karl Péladeau, directeur de Québecor. Nous espérons que lorsque les choses se seront calmées chez Rogers, nous aurons la chance de mener un dialogue constructif. »