(Francfort) Le constructeur automobile allemand Mercedes-Benz a continué de profiter au premier trimestre de ventes de voitures plus chères et rentables tout en confirmant de prudents objectifs face à une marée d’incertitudes liées à la guerre en Ukraine, l’inflation et la pandémie en Chine.

Le bénéfice net a progressé de 3 % à 3,6 milliards d’euros, malgré une baisse de 10 % du nombre de voitures à 487 000 unités, a indiqué le groupe mercredi dans un communiqué.

Les raisons du recul des ventes « sont surtout les pénuries de semi-conducteurs, les confinements liés à la COVID-19 et l’impact de la guerre en Ukraine » qui a perturbé l’approvisionnement en certains composants et entraîné des arrêts de production dans certaines usines.

Mais le bénéfice d’exploitation défie la baisse et ressort pour la période de janvier à mars à 5,2 milliards d’euros contre 4,7 milliards en 2021, profitant de la hausse des prix et d’un désir des clients pour des voitures plus luxueuses.

Grâce à cette tendance, le groupe a confirmé ses objectifs d’un chiffre d’affaires « légèrement supérieur » en 2022 comparé à 2021 et d’un bénéfice d’exploitation stable. Mercedes a cependant mis en garde contre « l’incertitude extraordinairement grande » liée notamment à la guerre en Ukraine et l’évolution de la pandémie de COVID-19 en Chine.

« Dans le contexte actuel, nous pensons qu’un peu plus de prudence est appropriée », a expliqué le directeur financier Harald Wilhelm.

« Une escalade » du conflit « pourrait avoir d’importantes conséquences négatives pour l’activité », prévient le constructeur, qui a arrêté la production locale en Russie et les exportations vers ce pays – une décision ayant coûté au premier trimestre 709 millions d’euros.

Le résultat intègre également un effet positif de 918 millions d’euros lié à des ventes d’actifs.

« Pas de limite »

La pénurie qui frappe notamment les semi-conducteurs en raison de la pandémie de COVID-19 continuera de peser dans les prochains mois tandis que « des mesures plus strictes » en Chine contre le virus créent une « incertitude concernant l’évolution du marché, l’approvisionnement et la production ».

Pour autant, le constructeur compte toujours « compenser les risques » par la croissance rentable des ventes, avec une progression de plus de 10 % des volumes attendue dans les voitures de très haute gamme.

Au premier trimestre déjà, la catégorie de luxe, qui comprend notamment la Classe S et la marque AMG, atteint 16 % du volume total après une hausse de 5 % des ventes.

« Les rabais ont été réduits et les prix ont augmenté dans beaucoup de pays », a relevé M. Wilhelm.

Cela a fait grimper de 1,7 point à 16,4 % la marge d’exploitation ajustée de la branche automobile, très observée par les analystes.

Le groupe avait aussi fait état en 2021 d’une progression du prix moyen de ses voitures vendues.

Mercedes a vendu « presque chaque mois depuis juin 2021 » plus de 1000 luxueux modèles Maybach, a détaillé M. Wilhelm, confiant pour l’avenir.

« Si on parle de capital disponible et de l’envie de personnes riches de dépenser de l’argent pour des produits exceptionnels, je ne pense pas qu’il y ait de limite », a-t-il expliqué.

Pionnier centenaire de l’automobile, anciennement baptisé Daimler, le groupe de Stuttgart s’est officiellement renommé le 1er février, ultime étape de sa mue après la mise en Bourse de sa filiale poids-lourds en vue de se concentrer sur les berlines de luxe.

Les ventes de la branche d’utilitaires, que le groupe a conservée sous la marque Mercedes-Benz Vans, sont par ailleurs restées stables, la hausse de 20 % du bénéfice d’exploitation reflétant également de la hausse des prix.

Le constructeur n’envisage pas cependant de scinder ses activités électriques et traditionnelles, à l’image de Ford. « Nous transformons l’entreprise entière », a expliqué le directeur financier.