Le guide de bonnes pratiques sur lequel planche Metro en collaboration avec d’autres associations de l’industrie agroalimentaire se fait toujours attendre. Près d’un an après que Metro a annoncé ses intentions de travailler sur un code de conduite visant à encadrer les relations parfois difficiles entre les supermarchés et leurs fournisseurs, l’enseigne n’est pas en mesure de déterminer à quel moment il sera finalement achevé.

La publication du guide de l’Alliance collaborative de l’industrie alimentaire canadienne, formée de plusieurs acteurs de l’industrie, dont Metro, était prévue pour décembre 2022. « Tout le monde était de bonne foi pour s’attaquer à ce dossier », a assuré Serge Boulanger, vice-président principal, centrales nationales d’achats et marques privées de Metro, au cours d’une entrevue jeudi, alors que la société annonçait ses résultats de deuxième trimestre.

« Mais avec le contexte, la pénurie de main-d’œuvre, la pénurie de produits, l’approvisionnement, tout le monde était bien occupé », ajoute celui qui est responsable du dossier pour Metro. « Il fallait s’entendre sur la façon dont on allait discuter de ces enjeux et, entre-temps, des parties prenantes se sont ajoutées. Tout ça a fait en sorte que ça a pris un peu plus de temps à structurer la démarche et les pourparlers. On pensait qu’on allait être capables de s’assoir tous ensemble un peu plus rapidement, mais ça n’a pas été le cas. »

Une trentaine de personnes représentant 20 associations sont impliquées dans l’élaboration du guide. À quel moment sera-t-il prêt ? « Je ne voudrais pas m’avancer sur un délai, répond prudemment M. Boulanger. Mais les gens sont tous de bonne foi pour faire avancer le dossier le plus rapidement possible. »

Un deuxième code

Deux propositions de code de bonnes pratiques se retrouveront éventuellement sur la table. Retour en arrière : à l’été 2020, La Presse a rapporté que Walmart Canada aurait en quelque sorte refilé une partie de la facture de ses investissements de 3,5 milliards dans ses magasins et en ligne à ses fournisseurs, en leur imposant de nouveaux « frais de développement ». D’autres marques auraient également fait pression sur leurs fournisseurs.

Dans la foulée de ces révélations, afin d’assainir les relations parfois difficiles entre ceux qui remplissent les rayons et les épiceries, Sobeys, maison mère d’IGA, a lancé en mars 2021 un code de bonnes pratiques. Près de deux mois plus tard, plusieurs associations de l’industrie, dont Metro, ont formé l’Alliance collaborative de l’industrie alimentaire canadienne dans le but de rédiger à leur tour un guide de conduite visant notamment à mieux protéger les petits acteurs. Parallèlement à ces deux groupes, après avoir été mis au fait de la situation chez Walmart, les ministres de l’Agriculture du pays ont formé un groupe de travail afin de déterminer la nature des problèmes et de trouver des solutions.

Sans entrer dans le détail, M. Boulanger reconnaît que la proposition de Sobeys comporte de « bons éléments ». « On veut s’assurer que les relations sont transparentes entre les détaillants et les fabricants. C’est un code qu’on veut réciproque. Les fabricants ont des demandes. Les détaillants ont aussi des demandes. »

Mais un code de bonnes pratiques n’a pas le pouvoir de tout régler, tient-il à dire. Refusant de commenter précisément le cas de Frito-Lay, qui avait cessé en février de livrer des croustilles à Loblaw parce que l’enseigne refusait d’appliquer les hausses de prix demandées, M. Boulanger « ne sait pas à quel point le code aurait pu régler ce cas ». La situation entre Loblaw et le fournisseur de croustilles s’est réglée depuis.

« On dit souvent que le code va régler l’inflation, ajoute-t-il également. Mais le code ne va pas régler l’inflation. Il ne viendra jamais contrecarrer des hausses de prix. »

Profits en hausse chez Metro

Par ailleurs, Metro a annoncé jeudi ses résultats pour le deuxième trimestre de 2022. L’entreprise a enregistré une hausse de son chiffre d’affaires de 1,9 %. Or, si l’inflation et la pénurie de main-d’œuvre se poursuivent ou s’intensifient, elles « pourraient exercer une pression sur les marges », soutient le géant de l’alimentation.

« Nous sommes satisfaits de nos résultats du deuxième trimestre réalisés dans un environnement opérationnel difficile marqué par le variant Omicron et les pénuries de main-d’œuvre dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Notre industrie continue de subir des pressions inflationnistes plus élevées que la normale et nos équipes s’efforcent d’offrir des produits de qualité à des prix compétitifs à nos clients », a déclaré le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, dans un communiqué.

Au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes, M. La Flèche a soutenu que « les dépenses des ménages pour la consommation de nourriture à la maison demeurent vigoureuses ». Il a toutefois noté que les enseignes à bas prix de Metro, comme Super C, connaissaient une plus forte croissance que les supermarchés traditionnels.

À la suite de la publication des chiffres sur l’inflation par Statistique Canada, mercredi, Peter Sklar, analyste en commerce de détail à la Banque de Montréal, a diffusé un avis disant que si la hausse des prix persistait, « la part du portefeuille des consommateurs pour l’épicerie pourrait diminuer – ce qui pourrait devenir un sujet de préoccupation potentiel pour tous les épiciers ».

Les résultats de Metro en bref

Résultats pour le deuxième trimestre 2022, clos le 12 mars 2022

Chiffres d’affaires : 4,27 milliards (+1,9 %)

Ventes comparables des supermarchés : +0,8 % et +11,5 % pour les huit premières semaines du deuxième trimestre par rapport à 2020 (période pré-COVID-19)

Ventes comparables des pharmacies : + 9,4 %, et +11 % pour les huit premières semaines du deuxième trimestre par rapport 2020 (période pré-COVID-19)

Bénéfices nets : 198,1 millions (+ 5,3 %)

Bénéfices nets dilués par action : 0,82 $ (+9,3 %)

Ventes en ligne des épiceries : + 6 % par rapport à l’an dernier

Une somme totale de 8 millions en cartes cadeaux a été offerte aux employés de première ligne, la même somme qu’au deuxième trimestre de l’an dernier.