Sans surprise, nos articles sur l’absence de francophones au C.A. du Canadien National ont suscité de nombreuses réactions dans notre boîte de courriels. La plupart de nos lecteurs se disent outrés par cette décision. Voici un aperçu de vos opinions.

Un actionnaire déçu

Cette situation n’est pas acceptable, il ne s’agit pas d’un bon exemple en matière de gouvernance. En tant que petit actionnaire du CN, je vais le leur faire savoir.

Xavier Pallares

Une réputation en jeu

Il est complètement inacceptable qu’une entreprise ayant son siège social à Montréal n’ait pas un seul administrateur qui parle le français. C’est un flagrant manque de jugement et de respect de la part du CN. D’un point de vue tant légal que social, le CN doit impérativement effectuer des changements dans son conseil d’administration, car sa réputation publique est en jeu.

Clément, 22 ans, Montréal

Une direction francophone en premier lieu

Il me semble beaucoup plus important que les membres de la direction parlent français par opposition aux membres du conseil d’administration. Les membres du conseil ne communiquent pas beaucoup avec le personnel, sauf avec le PDG ou l’équipe de gestion au plus haut niveau. Il est par contre capital que le conseil ait une représentation importante venant et représentant les intérêts du Québec. Il est aussi indispensable que la direction du CN ait une bonne représentation de dirigeants québécois ou francophones.

André Martel

L’histoire se répète

En juillet 1972, j’entrais au CN comme jeune ingénieur industriel dans le service de « recherche opérationnelle ». C’était le début de la recherche sur l’optimisation du fonctionnement des systèmes ferroviaires avec les avancées des modèles de simulation mathématiques et, surtout, de l’avancée des ordinateurs. J’étais de la première promotion des ingénieurs industriels de Polytechnique et j’étais emballé de trouver un premier emploi dans un secteur en pleine expansion. Mon patron était un unilingue anglophone. Ce que je ne savais pas, c’est que tous les analystes et les ingénieurs de ce petit service, une dizaine à peu près, étaient tous unilingues anglophones. J’étais dans ma ville, mon pays, et je ne pouvais travailler dans ma langue maternelle ! […] Après 10 mois au CN, la frustration de ne pas pouvoir travailler dans ma langue a pris le dessus et j’ai quitté l’entreprise. Il semble exister une culture dans cette entreprise qui est difficile à changer. Sur les 19 postes de VP actuellement, le CN ne compte que 3 vice-présidents francophones.

Claude Poirier, Québec

Faut-il risquer de perdre un siège social ?

La très grande majorité des trains, des employés, des clients, des communautés, des investisseurs, des régulateurs gouvernementaux résident dans le reste du Canada, aux États-Unis et partout dans le monde. Manifestement, la langue du travail d’une telle entreprise doit être l’anglais. Tracy Robinson apprendra le français assez bien pour les besoins locaux. Faire de la pression indue et risquer le déménagement du siège social et la perte d’emplois québécois n’en vaut pas la peine.

Donald Grimes

Inacceptable

C’est inacceptable, cette façon de faire d’une grande entreprise ! Prêcher par l’exemple ne semble pas dans ses façons de faire.

Robert Brunet

L’ombre de Donald Gordon

Mon père a travaillé au CN toute sa vie professionnelle. Dans les années 1960 et 1970, il était directeur des relations publiques au siège social de Montréal alors que le président du CN était Donald Gordon. M. Gordon était originaire de Kingston et unilingue anglophone. M. Gordon avait affirmé, du haut de son trône, qu’aucun francophone n’avait les capacités ni n’était assez intelligent pour occuper un poste de responsabilité au CN. Mon père était originaire du Manitoba et parfaitement bilingue… donc probablement perçu comme étant assez intelligent pour travailler en anglais aux étages supérieurs du bureau du CN à Montréal. Le monde change, les temps changent… mais pas le CN. L’ombre de Donald Gordon plane toujours.

Michel Meunier

Une question de respect

Si nous ne respectons pas nous-mêmes notre propre langue, pourquoi devrions-nous nous attendre à ce que les autres la respectent ? Malgré la franchise du président d’Air Canada sur son aisance de vivre en anglais au Québec, combien de Québécois francophones continuent de voyager avec ce transporteur ? Les Québécois sont une minorité au Canada, comme les autres minorités, et la langue commune est l’anglais. Plus aucun parti politique au Québec ne soulève sérieusement la question !

Raymond Vaillancourt, ex-président, MNQ

Pourquoi pas ?

Un conseil d’administration peut être entièrement anglophone. Cela existe partout dans le monde, car la langue des affaires généralement reconnue est l’anglais.

John Burke

Vive le bilinguisme

Il est normal qu’une personne bilingue ait plus d’avancement qu’une personne unilingue. C’est aussi pour cette raison que les tous les Québécois devraient parler les deux langues principales du Canada, car cela les aiderait dans le monde entier…

Francine Bienvenu