Le constructeur d’autocars Prevost s’ajoute à la liste des acteurs financés par l’État québécois pour prendre le virage électrique. Cette filiale du Groupe Volvo recevra jeudi près de 23 millions en subventions et prêt-subvention pour financer ses ambitions estimées à plusieurs dizaines de millions, a pu confirmer La Presse.

Les détails seront dévoilés en conférence de presse dans les installations de Prevost situées à Sainte-Claire, dans Chaudière-Appalaches, en présence du premier ministre François Legault, du ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, ainsi que de la députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance. Des représentants de l’entreprise seront aussi présents.

« Groupe Volvo compte réaliser un projet visant la conception et la fabrication d’une nouvelle plateforme d’autocar électrique et d’un ensemble de conversion électrique pour autocar », indiquent les décrets adoptés par Québec afin de donner le feu vert au soutien financier.

Depuis plusieurs années, la multinationale suédoise, également propriétaire du constructeur d’autobus urbains Nova Bus, était inscrite au Registre des lobbyistes dans le but de solliciter de l’aide financière du gouvernement québécois dans ses projets d’électrification.

L’aide offerte à Prevost comporte deux volets : un prêt-subvention d’environ 15,2 millions qui n’aura pas à être remboursé dans sa totalité si certaines modalités – généralement en matière de création ou de maintien d’emplois – sont respectées. Cela s’accompagne d’une subvention de 7,5 millions.

Il n’a pas été possible d’avoir une idée de la facture totale du projet. Prevost, le gouvernement Legault ainsi que le syndicat de l’usine n’ont pas voulu offrir plus de détails avant l’annonce officielle.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’entreprise Prevost ne propose pas encore de version électrique de ses autocars.

Un produit de plus

Après les camions, les autobus d’écoliers, les autobus urbains, les motoneiges et les motomarines, entre autres, les autocars constituent la plus récente déclinaison de la filière québécoise de l’électrification. Québec a fait son deuil de l’assemblage de voitures électriques, mais croit que la province peut se tailler une place du côté des véhicules commerciaux.

La plupart des projets bénéficient d’un coup de pouce financier gouvernemental. Des entreprises comme Lion Électrique (camions et autobus), Nova Bus (autobus urbains) et Taiga (motoneiges et motomarines) ont obtenu l’aide des ordres de gouvernement.

Contrairement à d’autres constructeurs comme Proterra (États-Unis), Van Hool (Belgique) et BYD (Chine), Prevost ne propose pas encore d’autocar électrique. Puisque ces véhicules parcourent généralement de plus longues distances que des autobus urbains, par exemple, la question de l’autonomie des batteries est névralgique pour certains modèles.

« C’est plus difficile, mais je suis d’avis qu’il y a du potentiel pour électrifier ces véhicules », affirme Daniel Breton, président et chef de la direction de Mobilité électrique Canada et ex-ministre de l’Environnement dans le gouvernement péquiste de Pauline Marois.

Il commence à y avoir des autocars électriques. La densité des batteries augmente. Ça s’en vient. Ce qui était difficile il y a 10 ans est beaucoup plus facile maintenant.

Daniel Breton, président et chef de la direction de Mobilité électrique Canada

La preuve : équipé de batteries nickel-manganèse-cobalt, un autocar du constructeur Proterra a pu parcourir des trajets moyens d’environ 450 kilomètres entre les recharges. Pour sa part, Van Hool livre des autocars propulsés à l’électricité depuis la fin de 2020.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Les modèles électriques de Nova Bus circulent déjà dans les villes de Montréal, Brampton et Vancouver.

Nova Bus électrifie aussi

Dans le créneau des autobus urbains, Nova Bus, qui fait partie du Groupe Volvo, avait bénéficié d’une subvention de 15 millions du gouvernement Trudeau en juin dernier pour accélérer l’électrification de ses produits. L’entreprise présente à Saint-Eustache et Saint-François-du-Lac avait aussi bénéficié d’une subvention de 7 millions de Québec en 2018.

Les modèles électriques de Nova Bus circulent déjà dans les villes de Montréal, Brampton et Vancouver. Les premières livraisons de son modèle LFSE+ sont prévues cette année.

Pour Prevost, les projets prévus à Sainte-Claire constituent une bonne nouvelle pour les employés de l’usine, qui n’ont pas été épargnés depuis le début de la pandémie. La baisse de la demande provoquée par les confinements a fait tomber le couperet.

On recensait environ 700 salariés du côté de la production avant la crise sanitaire. L’effectif a fondu à environ 550 personnes, selon le syndicat Unifor, qui représente les employés de l’endroit. Une augmentation de la production prévue d’ici l’automne devrait permettre le retour des travailleurs qui avaient été mis à pied.

En savoir plus
  • 2004
    Prevost et sa division Nova Bus appartiennent à Volvo depuis presque deux décennies.
    source : prevost
    1924
    Dans deux ans, l’entreprise fondée par Eugène Prévost soufflera sa 100e bougie.
    source : prevost