(Calgary) Les pénuries de main-d’œuvre dans le secteur pétrolier et gazier du Canada pourraient limiter sa capacité à intervenir rapidement pour combler le vide laissé par les sanctions américaines contre la Russie, estiment des experts de l’industrie.

Le secteur est aux prises avec un manque de travailleurs depuis l’année dernière, lorsque le rebond des prix du pétrole a commencé à alimenter une légère augmentation des activités de forage des pétrolières canadiennes.

À l’automne dernier, le nombre d’emplois directs et indirects dans le secteur des services pétroliers et gaziers montrait une augmentation de 130 % par rapport à l’année précédente. L’arrivée de plus de 20 000 travailleurs supplémentaires a permis au taux de chômage du secteur de passer de 17,7 % en septembre 2020 à 3,7 % un an plus tard.

Mais c’était avant que la Russie ne commence à envahir l’Ukraine le mois dernier, faisant grimper en flèche les prix du pétrole et conduisant le président américain Joe Biden à interdire les importations de pétrole russe.

Le monde a maintenant faim d’énergie, et les États-Unis en particulier sont confrontés à un déficit d’environ 700 000 barils de pétrole par jour.

Selon des experts de l’industrie, le Canada a la capacité d’augmenter ses exportations à court terme — les estimations varient entre 200 000 et 400 000 barils supplémentaires par jour. Mais elle ne pourra pas s’ajuster rapidement, a prévenu Mark Scholz, président et chef de la direction d’une association canadienne d’entrepreneurs en énergie (CAOEC).

« Même s’il y avait un signal de nos clients qu’ils allaient investir plus d’argent dans le sol pour profiter des prix élevés, il n’y a aucune garantie que nous serions même en mesure d’approvisionner le marché avec les plateformes disponibles, en fonction de la situation de la main-d’œuvre », a souligné M. Scholz.

La faiblesse soutenue des prix pendant plusieurs années a entraîné un « sous-investissement » important dans le pétrole et le gaz naturel canadiens, a ajouté M. Scholz, et maintenant l’industrie est sous-équipée pour répondre à la demande mondiale croissante.

« Nous avons vu beaucoup d’argent quitter l’industrie, et quand vous voyez autant d’argent quitter une industrie, il y a des conséquences », a-t-il affirmé. « Cela a eu un impact sur notre capacité à attirer des gens dans l’industrie, à croître en tant qu’industrie. »